Gabriel

Esquer

 

Caunes-Minervois 12 avril 1876

Alger 14 avril 1961

 

 

Gabriel Esquer est né à Caunes-Minervois, au coeur du pays Cathare, le 12 avril 1876. Il était issu d’une famille d’officiers et de fonctionnaires ayant servi en Indochine et dans les Comptoirs français de l’Inde. Après une rhétorique supérieure au Lycée Janson de-Sailly, il hésite entre deux carrières également attrayantes : le théâtre et l’École des Chartes. Il prépare, pour le concours d’admission à la classe de tragédie du Conservatoire, l’acte II de Mithridate, mais, au dernier moment, un vieux fond de prudence bourgeoise lui fait considérer les aléas de la carrière théâtrale et il se décide à opter pour le métier d’historien.

Entré à l’École des Chartes, il obtient en 1903 le titre d’archiviste-paléographe, après avoirsoutenu une thèse sur Le dernier des Valois Français, Duc d’Alençon et d’Anjou (1554-1584) . Tout en poursuivant ses études, il fait ses premières armes dans le journalisme, au Gil Blas, au Voltaire, à l’Aurore. Il devient le secrétaire général du théâtre des Mathurins et des Bouffes Parisiens, ce qui lui vaut d’approcher de près les personnalités artistiques et littéraires de son temps. Il réussit même à faire jouer sous un pseudonyme quelques revues d’actualité agrémentées de danses à la mode 1900.

Puis la vie d’étudiant fait place à la carrière administrative. Nommé en 1903 archiviste en chef du département du Cantal, il passe à Aurillac cinq année laborieuses, publiant des répertoires d’archives, des articles dans les revues locales et rassemblant la documentation de son ouvrage sur la Haute Auvergne à la fin de l’Ancien Régime, qui paraîtra en 1911. Sa carrière prendra un tournant décisif avec sa nomination au poste d’archiviste-bibliothécaire au Gouvernement Général en Algérie, fonction qu’il devait exercer durant 33 ans.

Le 8 février 1909, il débarque à Alger par un temps radieux. Dès le premier contact, il se sent conquis par la beauté du site, le bleu du ciel, la douceur du climat. Désormais, son sort est fixé. Il restera à Alger jusqu’à sa mort.

Esquer se maria avec la soeur cadette de la grand-mère paternelle de Jean-Claude Xuereb1.

Au cours de ce demi-siècle de vie algérienne il exerce des activités multiples et diverses, toujours avec un égal succès. A son retour de la guerre passée aux Dardanelles et en Serbie, il sera nommé, en 1920, administrateur de la Bibliothèque Nationale d’Alger, poste laissé vacant par le décès d’Emile Maupas, dont les travaux scientifiques sont universellement connus.

De 1927 à 1943, il assure à la Faculté des Lettres d’Alger l’enseignement des sciences auxiliaires de l’histoire et de l’histoire du Moyen-Age. Collaborateur du journal Combat pendant la période 1943-1946, son activité journalistique s’est poursuivie toute sa vie. Il assurait encore au cours de ses dernières années le Bulletin hebdomadaire des livres au
Journal d’Alger et apportait une participation active aux émissions culturelles de France 5.

Administrateur de la Bibliothèque Nationale qu’il dirige de 1920 à 1948, il continue les traditions de ses savants prédécesseurs Berbrugger2, Mac Carthy et Emile Maupas.

Ces activités si absorbantes ne l’empêcheront pas d’élaborer une oeuvre littéraire considérable. Celle-ci, à l’exception d’un seul ouvrage, concerne uniquement l’Algérie.

 

Citons entre autres :

  • Les commencements d’un empire. La prise d’Alger 1830 qui lui vaut le grand prix littéraire d’Algérie et le second prix Gobert de l’Académie française.

  • L’iconographie historique de l’Algérie, du XVI è siècle à 1871, oeuvre magistrale comportant trois volumes et représentant treize années de recherches, également couronnée de plusieurs grands prix. Paris, Plon, 1929.

  • Le 8 novembre 1942 premier jour de la Libération, Alger ed. Charlot. 1946.

  • Alger et sa région. Ed. Arthaud 1949. Illustrations d’Emile Bouneau.

  • Histoire de l’Algérie, Collection Que sais-je ? 1960.

  • Nombreuses éditions de correspondances et documents inédits sur l’histoire de l’Algérie où il publiera tour à tour les Correspondances du Duc de Rovigo (1914), des généraux Voirol (1924), Drouet d’Erlon (1926), des maréchaux Clauzel et Bugeaud (1961), en huit volumes et la Reconnaissance des villes fortes et batteries d’Alger par le chef de bataillon Boutin3.

Gabriel Esquer s’est éteint le 14 avril 1961 à Alger où il est enterré. Il laissera le souvenir d’une forte personnalité. Homme d’une grande rectitude, il était bienveillant pour son entourage, fidèle en amitié, et toujours prêt à soutenir ses jeunes confrères pour leur communiquer son expérience.

Les plus hautes distinctions honorifiques avaient couronné ses travaux. Il était Officier de l’Instruction publique, Officier de la Légion d’Honneur, Commandeur du Ouissam Alaouite et membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.

 

Odette Goinard

 

Bibliographie

  • Nécrologie de Germaine Lebel dans Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1961 p. 367-
    371.

  • Fernand Braudel. Gabriel Esquer (1876-1961) Annales ESC 1963 p. 605-606. Repris dans Fernand Braudel L’Histoire au quotidien. Paris Fallois 2001 p.271-294.

  • Xavier Yacono. Gabriel Esquer . Revue africaine 1961 n° 105 p. 429-433, suivi de l’oeuvre de Gabriel Esquer p. 434-438.

  • Guy Basset. Article Esquer Gabriel, dans l’Algérie et la France, dictionnaire coordonné par Jeannine Verdès-Leroux. Robert Laffont 2009, p. 349-350.
     

 


 

1 Voir la biographie de Jean-Claude Xuereb dans les Cahiers d’Afrique du Nord

2 Voir la biographie de Berbrugger dans les Cahiers d’Afrique du Nord

3 Voir la biographie de Vincent Boutin dans les Cahiers d’Afrique du Nord

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Porte de la Bibliothèque Nationale d’Alger

 

Alger palais de l’université

 

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