Taos

Amrouche

 
 

Tunis 1913

St Michel l’Observatoire 1976

 

Taos Amrouche

 

Femme de lettres, cantatrice berbère, Taos a exprimé, a travers ses romans et ses chants le drame de sa double appartenance au Maghreb et à la France

Sœur de l’écrivain Jean Amrouche1 Taos est née à Tunis où ses parents  s’étaient installés en 1913. De famille convertie au catholicisme, son nom de baptême était Marie-Louise. Sa mère, Margueritte, dont le nom kabyle était Fadhma AÏth Mansour s’était fait connaître par un récit autobiographique Histoire de ma vie.

Taos fait de bonnes études à Tunis où elle obtient son brevet supérieur. Elle part ensuite à Paris pour poursuivre de nouvelles études à l’Ecole Normale de Fontenay. Mais elle abandonne son projet. Passionnée par la tradition orale berbère, elle commence dès 1936 à cultiver les chants populaires entendus de la bouche de sa mère.

Au congrès de chants de Fez, en 1939, elle obtient une bourse d’études pour la Casa Velasquez, où elle étudie pendant deux ans, cherchant des rapports entre les chants berbères et espagnols. Elle épouse le peintre André Bourdil (prix Abd-el-Tif 1942). Ils auront une fille Laurence. En 1945 elle réside définitivement en France où elle travaille pour la radiodiffusion.

Son premier roman Jacinthe noire (1947) est un récit à résonances autobiographiques. L’héroïne, une jeune Tunisienne arrivant dans un foyer de jeunes filles souffre de l’incommunicabilité due aux barrières raciales. On retrouve la même sensibilité d’écorchée dans son deuxième roman La rue des tambourins (1960). Dans L’amant imaginaire (1975), elle raconte sous forme de journal intime les désirs et les passions d’une femme de 35 ans qui révèle son propre drame, celui qui fut également celui de sa mère, restées toutes deux profondément Kabyles.

En 1966, Taos publie Le grain magique contenant des poèmes, contes et proverbes traduits de Kabylie. Chanteuse de grand talent, elle interprète en public les chants berbères du Maghreb, se produisant sur la scène, comme au Festival des Arts Nègres de Dakar en 1946.  Elle participe à la Fondation de l’Académie berbère de Paris en 1966.  Elle n’a toutefois jamais été autorisée à chanter dans son pays.

Elle décède le 2 avril 1976 à Saint Michel de l’Observatoire (Alpes de Haute-Provence).

Son œuvre est proche de celle de son frère. On y retrouve la même sensibilité vive et douloureuse, la même passion et la même nostalgie pour les sources vives, la tradition et les ancêtres, une expérience commune de l’exil et du déracinement. On peut reprendre ce que leur mère écrivait d’elle-même : elle aspirait à être « au milieu de ceux de sa race, de ceux qui ont le même langage, la même mentalité, la même âme superstitieuse et candide, affamée de liberté, d’indépendance, l’âme de Jugurtha ».

D’après Ecrivains francophones du Maghreb d’Albert Memmi

Odette Goinard

1 Jean Amrouche Mémoire Plurielle n° 85

 

Parmi ses œuvres

 

-        Jacinthe noire (Paris Charlot 1947, réédition. Maspero 1972)

-        Rue des tambourins (La Table Ronde 1960)

-        L’amant imaginaire (Paris Nouvelle Société Robert Morel 1975)

-        Le grain magique (Paris Maspero 1966)

-        Chants enregistrés sur disques : chants berbères de Kabylie, chants de processions, méditations et danses sacrées berbères, chants de l’Atlas, traditions millénaires des berbères, chants berbères de la meule et du berceau.

 

 

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