Alexandre
Bertrand |
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Soufflenheim 1856 Alger 1875 |
Le brigadier Bertrand
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« Ton arrière-grand-père était un colosse qui mesurait 2,02 mètres, la fierté de la Gendarmerie d'Afrique, regarde sa photo », me disait ma mère, heureuse de pouvoir dire que son grand-père avait participé à la Conquête de l'Algérie avec le Maréchal de Bourmont qui avait reçu la capitulation du Dey d'Alger au Fort l'Empereur ! « Le brigadier Bertrand, l'un de ces soldats à la structure athlétique, au poignet de fer »
Arbre généalogique de la famille Bertrand
Alexandre était né en 1814 à Soufflenheim dans le Bas-Rhin de Paul Bertrand et Madeleine Kirchdoerffer. Dans le récit, Le mauvais Zouave, d'Alphonse Daudet, un forgeron alsacien s'en prend à ses compatriotes qui désertent l'armée en Algérie afin d'opter pour la nationalité de Prusse. Ce ne fut pas la cas d'Alexandre qui ne remit jamais les pieds en Alsace, garda la nationalité française et se coupa définitivement de la partie de sa famille restée à Soufflenheim avec les prussiens détestés ! En pensant au beau pays d'Alsace, on faisait des kougelhopfs et des kneppes à la maison et tous les enfants étaient déguisés en petits alsaciens le jour du mardi Gras. Nous avons toujours des albums illustrés racontant comment un petit alsacien tourne en ridicule l'occupant prussien, Les Aventures du Petit Bé et du Vilain Boche ! Alexandre ayant choisi de faire carrière dans la Gendarmerie, avait été nommé brigadier par décision ministérielle du 24 mai 1842 et fut blessé dans le naufrage de la frégate française l'Amélie, commandée par M. Ménard, dans le port d'Alger le 17 août 1842. C'est par la suite qu'il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur par ordonnance royale du 20 décembre 1843. Aussi, en juin 1844, le colonel Eynard qui devait aller recevoir à Tiaret la soumission des tribus du voisinage, ... emmène avec lui cinq gendarmes sous les ordres du brigadier Bertrand (Alexandre). Ceux-là vont nous forcer à parler d'eux. Le colonel Eynard a donné l'ordre au capitaine d'état-major Pissis de le précéder pour faire le campement de sa troupe. Cet officier s'est porté en avant avec quinze hommes, parmi lesquels se trouvent Bertrand et ses cinq gendarmes. Le petit détachement chemine paisiblement jusqu'auprès de Saïda, mais là il est brusquement attaqué par soixante cavaliers Arabes. La mêlée est rude, chaque homme a quatre ennemis à combattre, mais la Gendarmerie a maintes fois prouvé que le nombre ne l'effraye pas. Gailly, après avoir tué deux Arabes, succombe à son tour, et son cheval est enlevé par l'ennemi. Pour le venger, le brigadier Bertrand, l'un de ces soldats à la structure athlétique, au poignet de fer, dont la race semble devenue plus rare, porte des coups irrésistibles. Sa lame flamboyante a percé mortellement deux de ses adversaires, il poursuit le troisième qu'elle atteint encore... Rapport de M. le colonel Vial au Ministre de la guerre : « ... MM. Les officiers qui ont pris part à ce combat, ont fait publiquement et unanimement l'éloge de la bravoure qu'ont déployée, en cette circonstance, le brigadier de Gendarmerie et les cinq gendarmes sous ses ordres. Le brigadier Bertrand a personnellement tué trois Arabes de sa main; et, circonstance assez curieuse, l'un d'eux, sur lequel il s'était élancé, et qu'il a perforé avec son sabre en le prenant par derrière, a été en même temps traversé par devant, de part en part, d'un autre coup de sabre, par le sieur Lefèvre, adjudant des Spahis, de sorte que les deux lames se sont croisées dans le corps de ce malheureux. ... Ne croirait-on pas que nous empruntons ici cet épisode à quelqu'un de ces combats surhumains de l'Arioste ? Mais nous n'écrivons que pièces en main. Les officiers témoins de la bravoure et de la force de Bertrand ne tarissent pas sur les louanges qu'ils lui décernent ainsi qu'à ses gendarmes. Le capitaine Pissis avait reçu une balle au ventre; mais il put continuer sa route, car les arabes épouvantés fuyaient de toute la vitesse de leurs chevaux, en laissant huit des leurs sur le terrain. On sait que Bertrand à lui seul, pouvait en revendiquer trois. Ceux dont il n'avait fait que trouer la peau ne revinrent pas lui en demander compte. Ce hardi sabreur est aujourd'hui lieutenant dans notre compagnie. » Nommé maréchal des Logis le 7 octobre 1844, il était en expédition dans le bled avec ses gendarmes et la piste suivie avait été plus longue que prévue quand soudain, un sirocco brûlant se leva les environnant de sable et desséchant leurs gorges. On raconte qu'ils seraient littéralement morts de soif si Alexandre Bertrand n'avait aperçu un champ de pastèques et conseillé à ses hommes d'étancher leur soif à l'aide de ces fruits providentiels qui leur sauvèrent la vie. Au début de l'année 1853, le chef de la légion d'Afrique, M. de Vernon envoya au Général Randon le rapport suivant : « Monsieur le Gouverneur général, L'Algérie marche désormais, à grands pas, dans la voie du progrès; grâce à la puissante impulsion qu'elle reçoit du Chef de l'Etat, grâce au dévouement intelligent et actif du gouvernement général, domination, agriculture, commerce, tout se développe avec une égale rapidité. L'arme de la Gendarmerie a été appelée à jouer un rôle, dès le principe, dans cette action créatrice; ce rôle augmente d'importance chaque jour.... Quand chaque brigade de Gendarmerie aura, pour auxiliaires, des Gendarmes maures, connaissant le terrain d'opération, le personnel des tribus, et dont la langue est celle du pays même, alors une surveillance efficace deviendra facile, et cette surveillance préventive est le gage le plus imposant de la sécurité.... » « Le 18 mai 1853, le Gouverneur général donne l'investiture à 45 cheiks des Babors qui jurent fidélité à notre drapeau. A cette expédition a été attaché M. le colonel de Vernon... Il a emmené spécialement à sa suite l'adjudant Alexandre Bertrand dont nous avons détaillé déjà les merveilleux coups de sabre. » Promu sous-lieutenant par décret du 29 octobre 1853 Alexandre se maria la même année à Alger avec Jeanne Victoire Lacoste qui était née, elle aussi, en 1814, à Laborde en Lozère. En 1854, naquit leur premier enfant, Marie, qui assista en 1860, à la première visite du couple impérial à Alger, accompagné de leur fils, le prince était alors âgé de quatre ans. En effet, Marie, qui avait 6 ans à l'époque, racontait souvent à ma mère qu'elle avait vu, avec ses parents, Napoléon III et son épouse à Alger lors de la pose de la première pierre par l'Impératrice Eugénie le 18 septembre 1860, du boulevard de l'Impératrice, belle avenue, longue de près de deux kilomètres. Boulevards Anatole-France, de la République et Carnot, prolongés, en quittant le front de mer, par le boulevard Baudin (appellations évidemment postérieures à 1870 et antérieures à 1962). De vastes projets avaient été conçus : aménager des quais sur le port, édifier entre ceux-ci et le boulevard toute une série d’entrepôts. Alger étant ainsi dotée « d’un dock immense et d’une superbe promenade, d’une large terrasse supportée par une haie de hautes arcades, dont chacune sera un magasin, et une double rampe assurera la liaison entre le port et la ville. Alger était alors une ville de 40 000 à 50 000 habitants. L'Algérie était à cette époque un vaste territoire encore peu peuplé et il n'était pas rare d'y croiser des bêtes sauvages comme des lions, dans le Sahel. C'est d'ailleurs ce qui inspira l'histoire de Tartarin de Tarascon à Alphonse Daudet lors de son voyage en Algérie accompagné de son cousin Henry Reynaud en 1861. On sait que Tartarin ne rencontra qu'un lion aveugle et apprivoisé à Miliana qu'il tua et dut payer cher à ses propriétaires mais cependant il y avait des lions en Algérie ! Jules Gérard, dit « le tueur de lions » avait déjà abattu 26 fauves en 1857, Flaubert en témoigne lui aussi lors de son voyage dans le Constantinois en 1858 et le dernier lion d'Algérie fut tué dans les Aurès en 1893. Aussi, quand Alexandre Bertrand croisa un grand lion de l'Atlas à la magnifique crinière noire, allongé de tout son long sur le bord de la piste, il crut sa dernière heure arrivée et éperonna vivement son cheval qui renâclait. A sa grande surprise et à son immense soulagement, le lion ne broncha pas, il en comprit la raison lorsque, à une centaine de mètres de là, il vit une carcasse d'antilope à moitié dévorée en travers du chemin, le lion repu n'avait que faire du gendarme et de sa monture, il était en train de digérer son déjeuner tout tranquillement ! ! ! Alexandre Bertrand avait été nommé capitaine de gendarmerie en 1862 à Bagnères de Bigorre où il eut la chance, quatre ans après les apparitions de la Sainte Vierge à une petite bergère, de rencontrer Bernadette Soubirous, future Sainte Bernadette, qui avait alors 18 ans. Il en fut vivement impressionné. Il mourut le 15 novembre 1875, il était alors capitaine de gendarmerie à la retraite, précise l'Etat civil, et il habitait Alger, non loin de la caserne Lemercier, au 15 rue de Constantine, une rue parallèle à la route Moutonnière qui bordait notre belle mer Méditerranée, dans le quartier d'Hussein Dey, Note : Toutes les citations de cet article sont extraites de l'Histoire de la gendarmerie d’Afrique et de la Colonie d'après les documents de l'Armée de 1830 à 1860 par MM. Touchard et Lacoste, 1860 Epigraphe de M. de Chasseloup-Laubat, Ministre de l'Algérie et des Colonies, le 7 mai 1859 : « Oui, Messieurs, elle est bien française, cette Algérie qui n'a plus qu'une chose à demander à notre chère patrie : d'être connue. »
Cette biographie nous a été transmise par son arrière-petite-fille Solange Dietsch, née Carayol. Alexandre Bertrand est sans lien de famille avec Louis Bertrand. Odette Goinard
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