Saïd Boualam |
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Souk-Ahras 1906 Mas-Thibert 1982 |
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Homme de courage et d’une loyauté exemplaires, le Bachagha Boualam était un grand français. Il a démontré son amour de la France tout au long de sa vie à travers les épreuves les plus cruelles. Il reste une très noble figure des tragiques évènements de ce siècle. |
Article rédigé d’après les écrits du bachagha et l’allocution prononcée par le Général Jouhaud lors de ses obsèques. SaÏd BenaÏssa Boualam est né le 2 octobre 1906 à Souk-Ahras (département de Bône). Il appartenait à une ancienne famille de notables des Beni Boudouane. Ses ancêtres, qui avaient combattu la France aux côtés d’Abd-el-Kader, avaient rallié lors de sa reddition, le maréchal Bugeaud. Son grand père, puis son père étaient aghas et titulaires de la Légion d’honneur. Son père totalisait trente deux ans de service dans la Gendarmerie à cheval. Enfant de troupe à Saint Hippolyte du Fort et à Montreuil sur Mer de 1919 à 1924, Saïd signait son engagement au 1er régiment des tirailleurs algériens en 1924. C’est dans cette arme qu’il passera 21 ans au service de la France. Il participe à la guerre du Rif menée au Maroc contre Abd-el-Krim de 1921 à 1926 et lors de la seconde guerre mondiale se couvre de gloire à la bataille de l’Ailette (Aisne). Cette campagne lui vaut la croix de guerre avec plusieurs citations. Il atteint le grade de capitaine et termine sa carrière militaire en 1946, comme chef de bataillon. Il sera élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’Honneur. Ayant pris sa retraite, il entre dans l’Administration. Nommé successivement caïd, agha puis bachagha, il dirige les Beni Boudouane, tribu accrochée aux monts de l’Ouarsenis, composée de farouches guerriers. Profondément attaché à la France, il s’oppose au FLN dès le début de la rébellion et met sur pied sur son territoire des groupes d’auto-défense. Cette expérience ayant été concluante fut ensuite étendue à toute l’Algérie et permit pour un temps de réduire les attaques des rebelles. Depuis 1948 des musulmans avaient accès à la vie politique française en recevant le mandat de député. Bien que n’ayant aucun attrait pour la vie politique, mais soucieux de défendre son pays, le bachaga accepte de se présenter aux élections parlementaires. Il est élu le 30 novembre 1958, député de sa circonscription d’Orléansville. Devenu vice-président de l’Assemblée Nationale et réélu quatre fois à l’unanimité des suffrages, il défend avec éloquence la cause de l’Algérie française. Il proclame avec force son attachement indéfectible à la France. « Que le monde entier sache bien que sur nos provinces déchirées, la mort, la violence et les larmes passeront parce que la France éternelle demeurera. Et c’est à ce seul prix qu’elle demeurera la France », devait-il déclarer. Cependant, la politique du gouvernement devenant ambigüe, il crée en juin 1960 le Front de l’Algérie Française qui regroupera jusqu’à un million d’adhérents dont plus de deux cent mille musulmans, mais qui sera dissous par les autorités compétentes en décembre. Les revirements politiques le déçoivent profondément. Devant quitter à jamais sa terre natale avec toute sa famille, il se fixe en Camargue au Mas-Thibert à quelques kilomètres d’Arles, dans des conditions misérables. Mais il n’abandonnera pas la lutte, se penchant sur le sort des harkis rescapés, débarquant dans le plus profond dénuement. Il s’efforcera, grâce à son prestige, d’obtenir pour ses frères des conditions de vie dignes d’hommes fidèles à la France. Il formera un Comité national des français musulmans. C’est avec respect que tous écoutaient sa parole. Le bachagha Boualam s’est éteint le 7 février 1982. Il avait perdu dix-sept personnes de sa famille assassinées par le FLN, dont son fils Abd-el-Kader.
Un grand nombre de rues, surtout dans des villes de Provence, portent son nom. O. Goinard Décorations
Ses œuvres
Mon pays, la France Editions France Empire 1962
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