Eugène

Vallet

 
 

Lure (Haute-Saône), 1868

Fedj Mzala, 1950


 

Journaliste, agriculteur, homme politique, Eugène Vallet a exercé un rôle très actif dans  le département de Constantine dans la première  moitié du 20ème siècle.

 Né à Lure (Haute-Saône) en 1868, Eugène Vallet arrive en Algérie avec ses parents en 1878. Petits colons, ceux-ci s’installent à Tiberguent près de Fedj-Mzala (aujourd’hui Ferdjiona) dans le département de Constantine. Il poursuit ses études au lycée, puis entreprend une carrière qui se déroulera dans différents domaines tout au long de sa vie.

Le journalisme

Entré dans l’administration, il devient secrétaire de la commune mixte de Fedj-Mzala. Elu en mai 1895 adjoint spécial de Lucet (aujourd’hui Beni-Guecha), il rencontre Emile Morinaud (1) qui, appréciant ses qualités, lui propose de venir le seconder au Républicain de Constantine. Il est promu rédacteur en chef le 1er octobre 1898. Journaliste de premier ordre, au style net et précis, il s’intéresse surtout aux problèmes agricoles et à la colonisation terrienne. Il figure d’ailleurs en 1903 parmi les fondateurs de la revue Le colon algérien et tunisien qui paraît à Constantine, et dont il devient le rédacteur en chef. Il est dans le même temps correspondant du Lyon Républicain et collabore à l’Express Algérien, journal anti-juif fondé à Alger par Max Régis (2) en 1898.

L’agriculture

Ayant acquis une certaine notoriété dans le monde du journalisme, Eugène Vallet, tout en continuant à donner des articles à différents journaux , démissionne de son poste de rédacteur en chef pour se consacrer à l’agriculture.  Il s’installe à Fedj Mzala où il dirige personnellement la mise en valeur de l’Azel En-Noura ou Domaine des enfants assistés, d’une superficie de plus de mille hectares.  Son exploitation ne tarde pas à être considérée comme une ferme modèle .  Il devient initiateur en matière de techniques agricoles. C’est un adepte des nouvelles méthodes de culture des céréales dites « en bande espacées ». Mutualiste convaincu, il est le fondateur des premières mutuelles labours. Directeur du syndicat agricole de Fedj Mzala, officier du Mérite agricole, il est en 1928 secrétaire de la Confédération générale des agriculteurs d’Algérie.

L’archéologie

L’activité de publiciste qu’il poursuit par ailleurs lui vaut de présider, à partir de 1934, la Société archéologique du département de Constantine et d’être porté en 1937 à la présidence du congrès des Sociétés savantes d’Algérie. Il a par ailleurs largement contribué à faire sortir de l’oubli la ville de Cuicul (Djemila) qui jouxtait sa propriété.

Les relations avec le Soudan

S’intéressant au problème des relations de l’Algérie avec le Soudan, il fait partie en 1926 de l’expédition Constantine-Niger organisée par la Chambre de Commerce de Constantine. En 1929, il est vice-président du Comité transsaharien.

La politique

Eugène Vallet a manifesté un attachement absolu au « Parti français » et à son chef de file Emile Morinaud. Après le reflux de ce Parti aux élections législatives de 1902, il signe le 10 janvier 1906 le manifeste qui consacre la création dans le département de Constantine, du Parti républicain unifié autour de différentes personnalités et il devient membre du comité directeur  de  ce nouveau parti. En 1910, il adhère au Manifeste du parti radical et radical socialiste du département de Constantine dont il restera l’une des personnalités marquantes jusqu’à sa mort. La politique de « conciliation républicaine » va lui permettre d’obtenir de nombreux mandats publics.

Conseiller général d’Oued-Athménia de 1910 à 1944, vice-président du conseil général de Constantine en 1922, 1923,1924, puis président de cette assemblée en 1926, il siège de 1929 à 1937 au Conseil supérieur. Il en est vice-président en 1934 et occupe de ce fait le plus haut poste électif d’Algérie.  Entré aux délégations financières(3) en 1920,  en qualité de représentant des colons de Fedj Mzala, il s’intéresse essentiellement aux questions agricoles et se retrouve,  à  différentes  reprises,  chargé  de  représenter à  l’assemblée plénière des rapports sur la culture et la commercialisation des céréales, sur le relèvement des centres de colonisation, sur l’utilisation des eaux souterraines.

Ses compétences économiques lui vaudront dans les années 30 d’exercer les fonctions de conseiller de l’Office algérien d’action commerciale (OFALAC).  Après avoir obtenu le renouvellement de son mandat en 1923 et 1928, il renonce définitivement en 1935, pour raison de santé, à se représenter devant les électeurs.

Après la deuxième guerre mondiale, il cesse de participer à la vie politique et ne sollicite plus aucun mandat.  Il vit retiré à Fedj Mzala où il meurt en novembre 1950.

Eugène Vallet avait pressenti, après les douloureux évènements de Sétif en 1945,  l’anéantissement total  de l’œuvre plus que séculaire édifiée par la France en Algérie.

D’après la biographie de Louis-P Montoy, Hommes et Destins 1986 Tome VII

 

1. Emile Morinaud (1865-1972) fut maire de Constantine de 1901 à 1935, député républicain socialiste, puis radical indépendant

2. Max Régis (1973-1950) était un journaliste et homme politique, élu maire d’Alger. Il était président de la Ligue antijuive. L’antisémitisme a sévi en Algérie en 1898 provoquant des émeutes dans les grandes villes.

3. Les délégations financières ont été mises en place  par décret du 23 août 1898. Elles étaient chargées de voter le budget de l’Algérie.


Bibliographie

- Emile Morinaud, Mes mémoires, op. cit. chap.VI.

- L’Indépendant de Constantine 1er août 1905.

- Le Progrès de Sétif 2 août 1905.

- La République de Bône 15 août 1905.

- Le Cri de l’Algérie 13 août 1922

- De Constantine au Niger par le Sahara – ed. Vve Braham – 1927 ; 267 p.

- Le Républicain de Constantine 13 juin 1929.

- La Dépêche de Constantine 29 novembre 1950.


Parmi ses œuvres

Eugène Vallet a fait paraître en 1948 un ouvrage intitulé: le drame algérien : la vérité sur les émeutes de mai 1945, dédié « en hommage ému au souvenir de ceux qui sont morts pour donner à la France le plus bel Empire qui soit… ».  (Les Grandes Editions françaises).

 

 

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