Marcel

Cerdan

 
 

Sidi-Bel-Abbès 1916

Açores 1949

 

La fulgurante ascension de cet enfant du peuple. son incroyable palmarès sportif, son idylle avec Édith Piaf et sa brutale disparition à l'âge de 33 ans, l'ont fait entrer dans la légende.

Marcel Cerdan est né à Sidi-Bel-Abbès le 22 juillet 1916. En 1922, sa famille s'installe à Casablanca. Le jeune Marcel commence à pratiquer la boxe à l'âge de huit ans. À dix-huit ans, il dispute son premier combat professionnel à Meknès. Il acquiert une renommée nationale à 21 ans.

Il débute à Paris à la salle Wagram. Semant la terreur sur les rings dans les années 1940, il est surnommé « le bombardier marocain». Dès le coup de gong en effet, il était en action et frappait sans arrêt, sans laisser à son adversaire une chance de s'en sortir. C'est ainsi que, de cette manière, il gagna 60 % de ses combats.

Ce style était dû à sa morphologie, au bon écart de ses jambes, qu'il conservait à tout moment. Ses obliques, ses muscles puissants lui permettaient de faire partir son coup en souplesse et le faire revenir encore plus vite qu'il n'était parti: c'est ce qu'on appelle le « punch ». C'était un génie dans son art.

Signalons un bref passage par le ballon rond, car Cerdan fut aussi un champion de football méconnu, en Afrique du Nord en 1942, en compagnie de Larbi bel Barek.

Il est mobilisé dans la marine en 1939. Le 27 janvier 1943, il épouse Marinette Lopez. Ils auront trois fils : Marcel (4 décembre 1943), René (1er avril 1945) et Paul (1er octobre 1949.)

Après avoir gagné les titres français et européens, il devient champion du monde des poids moyens en battant Tony Zale (dit le roi du K.O.) le 21 septembre 1948, par arrêt de l'arbitre à la douzième reprise. Son retour à Paris fut triomphal. Reçu à l'Élysée par le président Vincent Auriol, une foule énorme l'acclamait sur son parcours. Cette extraordinaire victoire éclipsa en partie une autre remarquable réussite sportive, celle de Micheline Ostermeyer (originaire de Tunisie), aux Jeux Olympiques de Londres, qui enlevait deux médailles d'or et une de bronze (poids, disque, saut en hauteur), avant de réaliser, après le sport, une magnifique carrière de pianiste(1).

C'est à cette époque qu'il a une liaison avec la chanteuse Édith Piaf, qui fut l'amour de sa vie.

Battu par Jake La Motta à Détroit le 16 juin 1949, une revanche est prévue pour le 2 décembre 1949 au Madison Square Garden.

Le 27 octobre 1949, Cerdan prend le Lockheed Constellation F-BAZN qui assure la liaison Paris - New York pour rejoindre Édith Piaf. L'avion s'écrase dans la nuit du 27 au 28, au pied d'une montagne de l'île Sao Miguel, dans l'archipel des Açores. Il n'y a aucun survivant parmi les quarante-huit passagers de l'avion. Outre Cerdan, on déplore parmi les victimes la violoniste Ginette Neveu et le peintre Bernard Bouret de Monvel. Sa disparition fut un drame, tant sa popularité était immense.

Dumb Dan Morgan, un des plus grands managers de boxe, âgé de 76 ans en 1949, a affirmé que Cerdan était un boxeur complet: « J'entends, par ce terme, dit-il, celui qui excelle en tout : vitesse d'exécution, art de la boxe pure, résistance aux coups et puissance des deux mains. C'est un boxeur de combinaison, capable de lancer en succession rapide une série de quatre ou cinq coups aussi puissants les uns que les autres, frappant tous des objectifs différents, choisis avant le déclenchement de la série ... Chacun de ses coups secouait l'adversaire parce que Cerdan était un puncheur redoutable».

Selon Maurice Rouff (entraîneur et sparring-partner de Marcel de 1938 à 1949), Cerdan gagnait par ses qualités physiques et intellectuelles: sa garde parfaite et son intelligence à juger le style qu'il devait prendre par rapport à celui de son adversaire; il avait une magnifique musculature, une puissance, un coup d'œil, une rapidité, une précision hors du commun. Il innovait avec des coups que personne n'avait jamais portés. Il touchait partout, sous tous les angles, dans n'importe quelle position - la sienne en crouch(2) le lui permettait - et cela juste pour empêcher son adversaire de réfléchir. Puis, d'un seul coup, il voyait l'ouverture et le coup partait avec une vitesse fantastique, une puissance exceptionnelle.

Gaston Bénac, journaliste sportif, créateur du « Grand prix des Nations» disait en 1949 : « Quel poids moyen, plus que Cerdan, sans abandonner sa cadence infernale, possédait une meilleure défense, sans cesser de sacrifier au démon de l'offensive? »

 

Odette Goinard

 

1 Voir la biographie de Micheline Ostermeyer dans les Cahiers d'Afrique du Nord n° 10.

2 La garde très haute, le menton dans le creux de l'épaule.

 

 

CHAMPIONNATS

 

123 combats disputés

119 victoires (dont 61 par K.O.) 4 défaites

5 championnats de France victorieux: 21/02, 05/06 et 24/11 1938, 22/06 1941, 25/05 1946

4 championnats d'Europe victorieux: 03/06 1939, 30/09 1942, 02/02 1947, 10/07 1948

1 championnat du monde des poids moyens victorieux, le 21 septembre 1948

Champion des champions français l'Équipe en 1948.

Il fut élu au Boxing Hall of Fame en 1964.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

De nombreux livres et documents retracent la vie et les exploits sportifs de Marcel Cerdan. Certains ont été écrits par ses proches, d'autres par des journalistes ou des amateurs de boxe. Il avait même écrit ses mémoires avec Marcel Dunan qui a dû terminer seul le dernier chapitre, celui de sa tragique disparition. Parmi ces ouvrages citons:

La légende de Cerdan par Olivier Margot, Rageot 1987

Marcel Cerdan par Jean-Claude Loiseau, édition Flammarion, Paris 1989

Marcel Cerdan, gentleman boxeur (l'homme et les gants), par Claude Vernick, édition Paramount home Entertainment, documentaire DVD,1996

La légende de la boxe, par Pierre Cangioni, édition Minerva, 2000.

Piaf et moi, par Marcel Cerdan (son fils) et Gilles Durieux, édition Flammarion, 2000.

Marcel Cerdan, par Denis Soula et Joël Szpindel, documentaire 3 CD audio 2000.

 

 

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