Ferdinand Huard |
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Landes, 1854 ???,1933 |
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"Advienne que pourra de ces petits poèmes qui, sortis du cœur, ne parleront qu'aux cœurs"
(L'envolée)
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Né en 1854 à Landes (Loir-et-Cher), Ferdinand Huard, après bien des pérégrinations en France et en ExtrêmeOrient, s'installa en Tunisie dès les premières années du Protectorat comme fonctionnaire dans l'administration des Postes. Il y fit toute sa carrière et y laissa un nom, autant sans doute par son action en faveur de la création d'une Mutuelle tunisienne, que par son œuvre poétique. Son activité à la tête de cet organisme mutualiste l'accapara tant qu'il dut cesser d'écrire à la fin de la Grande Guerre. Mais il s'était déjà largement fait entendre, à travers divers recueils poétiques (deux volumes et un album) et dans la plupart des revues littéraires d'Afrique du Nord. Quelques mois à peine après son arrivée en Tunisie, durant l'hiver 1885, Ferdinand Huard - qui correspondait déjà avec plus d'une revue, notamment en Algérie - crée avec quelques collaborateurs la première Revue Tunisienne, qui paraîtra jusqu'en 1888, et dans laquelle il signe "Bulbul" des vers écrits en collaboration avec Antony Grégoire (1854-1918) et Jules Affoux (pseudonyme de Jules Bonnafoux). En 1893, il collabore à la fondation de l'Institut de Carthage qui redonnera vie, l'année suivante, et avec plus de succès, à la Revue Tunisienne. En 1890, il publie chez P. Arnould à Paris un "journal en vers" inspiré par la mort de sa fille et intitulé L 'Envolée, qualifiée par lui de livre humble comme la vie, comme elle douloureux. En 1899, il écrit en collaboration avec son ami Victor Piêtra, le livret de Pour la Patrie, drame lyrique en trois actes, représenté pour la première fois à Toulon en 1913. Trois ans plus tard, le grand éditeur parisien Ollendorf accepte de publier, sur intervention du sculpteur Théodore Rivière, le recueil Fleurs d'Orient qui reste sans doute l'œuvre majeure de Ferdinand Huard. Albert Canal écrivait : "Par la diversité et l'intérêt des sujets, par la maîtrise de la forme, les Fleurs d'Orient sont, à ce jour, il nous semble, le plus complet et le plus agréable recueil de poèmes africains; l'un de ceux, en tout cas, qui ont le mieux traduit la langueur, le charme et la perfidie à la fois, de ce pays ensorceleur où le soleil vous assassine, où l'eau des vallées étoilées de rose vous brûle le cœur aussitôt après vous avoir rafraîchi les lèvres". En cette même année 1902, un important concours financier du gouvernement tunisien lui permet de réunir la plupart de ses poésies en un luxueux album, intitulé Reflets et Mirages, et illustré par L. Tardieu. Avec une certaine fierté bien méritée, il explique au lecteur que "le poète, l'illustrateur et l'imprimeur - Tunisiens tous les trois - ont eu à cœur de montrer ce qu'on pouvait déjà faire, au point de vue artistique et industriel tout à la fois, en ce pays longtemps barbare et après vingt ans à peine d'occupation française". Il est dès lors reconnu et fêté, au Maghreb et en Métropole, comme "l'initiateur du mouvement artistique et littéraire en Tunisie" (Revue algérienne, 1896), et encouragé comme tel par les maîtres de la Poésie contemporaine : Leconte de Lisle (à qui est dédiée L'Envolée, Alexandre Dumas fils, Théodore de Banville et François Coppée, que Huard a toujours considéré comme un modèle à imiter. L'œuvre de Ferdinand Huard lui a valu de nombreux prix ou récompenses : en 1900, au concours de poésie organisé à l'occasion de l'Exposition universelle par les Annales; politiques et littéraire, il obtient un troisième prix. Le 23 décembre 1921, le Prix de Carthage, créé depuis peu par le Résident général de France en Tunisie, lui est attribué pour "l'ensemble de son œuvre qui a contribué à maintenir pendant de nombreuses années, la tradition de la littérature française dans la Régence ". Parnassien et exotique, l'art de Ferdinand Huard porte bien la marque de son époque. Dans la Revue Tunisienne de l'Institut de Carthage (1922), Charles Saumagne définit le poète comme "une sorte de Coppée qu'attristent des mélancolies baudelairiennes". Du Parnasse, il a hérité l'ampleur du vers et un goût certain pour le poème à forme fixe, tel que le sonnet; de la poésie exotique, il garde une prédilection pour l'image rare. Cependant sa parfaite maîtrise poétique lui permet parfois d'échapper à l'ennui d'une production monocorde et par trop traditionnelle, pour tenter des effets plus actuels de rythme, d'allitérations ou de rejet, et nous offrir des pièces en vers libres que ne renierait point la poésie la plus moderne.
Guy DUGAS
Parmi ses œuvres :
* L 'Envolée, Fragments d'un journal en vers, Paris, P. Arnould, 1890, 190 p. * Fleurs d'Orient, Poèmes, Paris, Ollendorf, 1902,185 p. * Reflets et Mirages, poèmes, Tunis, Picard et Ge, 1902, 163 p., ill. de L. Tardieu. * Pour la Patrie, drame lyrique, Toulon, Grimaud, 1918, 218 p. en coll. avec V. Piétra, musique de V. Piètra, * Et de nombreux articles, critiques et poèmes dans diverses revues d'Afrique du Nord ou de métropole, dont la Tunisie illustrée, la Revue méditerranéenne, Tunisie ou les Annales
Bibliographie :
- Canal Albert, La littérature et la Presse tunisiennes de l'Occupation à 1900, Paris, La Renaissance du Livre, s.d. (1924). - Chatelain Yves, La vie littéraire et intellectuelle en Tunisie de 1900 à 1937, Paris, P. Geuthner, 1937. - Dugas Guy, La Tunisie dans les Lettres françaises depuis 1880, t. 1, Tunis, Centre culturel français, 1980. - Ferdinand Huard, Hommes et Destins, tome VII, p. 242-243. - Dupuy Aimé, La Tunisie dans les Lettres d'expression française, Paris, Ed. Universitaires, 1956. - Guelfi D. A, Ferdinand Huard, le poète tunisien, in Tunisie, N° 85, mai 1938. - Saumagne Charles, Ferdinand Huard, in La Kahéna, 4e trim. 1933.
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