Léon Claro |
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Oran, 1899 Gien, 1991 |
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Artiste et architecte renommé, Léon Claro, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts, a marqué son époque par l'édification de très importants bâtiments, superbement décorés, qui ont contribué à l'embellissement de la ville d'Alger. |
Léon Claro est né le 24 juin 1899 à Oran. Son père était architecte et avait une position sociale de notable local par ses fonctions de premier adjoint au maire d'Oran. Son grand-père était entrepreneur de menuiserie à Oran. Il avait un frère, Emile, né en 1897. Les études, entreprises par les deux frères, les conduisent à les poursuivre à Paris. La famille quitte alors l'Algérie et s'installe à Paris rue de Babylone, puis boulevard Saint-Michel. Le père meurt à Paris en 1920. Emile qui veut être peintre entre à l'Ecole Nationale des Beaux-arts; plus tard, après avoir été pensionnaire à la Casa Vélasquez à Madrid, il fera une carrière d'artiste à Alger. Léon, après son baccalauréat, est d'abord l'élève de Gabriel Darbeda, professeur d'architecture à l'Ecole des Beaux-arts d'Alger, dirigée alors par Léon Cauvy Darbeda, architecte DPLG, est un ancien de l'atelier de Gaston Redon, membre de l'Institut, frère du peintre Odilon Redon. Léon Claro avait gardé un souvenir très vif de sa scolarité à l'Ecole des Beaux-arts. Il se souvenait particulièrement bien de Paul Montel, professeur de mathématiques, et d'Arnaud, professeur d'architecture, qui avait construit la poste d'Oran. Il avait retrouvé à l'Ecole un jeune artiste d'Alger, devenu un ami, le sculpteur Belmondo. Léon Garo passe six années à l'Ecole. Comme son premier professeur, Darbeda, il sera l'élève de l'atelier Redon. En 1924, Léon Azema, un ancien de l'atelier Redon, lui offre de collaborer au projet de concours du Palais de Justice du Caire. Hébergée près d'Alexandrie par Elie Edrey, propriétaire et producteur de coton, frère de Max Edrey, architecte, et "ancien Redon" lui aussi, l'équipe vit, isolée deux mois durant à Simbel Aoued pour travailler le concours. Léon Azema sera le lauréat de ce projet qui fut exécuté. En. 1926, Claro se présente au concours de Rome. Au terme de l'épreuve de dix heures, il est reçu "logiste", c'est-à-dire qu'il est parmi les dix sélectionnés pour le concours proprement dit. Après le concours, Darbeda lui propose de lui laisser l'emploi de professeur d'architecture à l'Ecole des Beaux-arts d'Alger. Après avoir hésité, car accepter c'est abandonner le projet de se représenter au Prix de Rome, Léon, qui est architecte DPLG depuis 1926, donne son accord et s'installe en 1927 à Alger. Il y fait toute sa carrière, ajoutant à son travail de professeur d'architecture, d'importantes commandes publiques. Il est l'artisan d'une promotion importante de l'Ecole des Beaux-arts d'Alger, qui devient, en ce qui concerne la formation des architectes, une École Régionale, associée à l'École Nationale des Beaux-arts. Après l'indépendance, il continuera à enseigner durant deux années à l'École, dirigée alors par Bachir Yellès. Il prend sa retraite en France en 1964. Veuf de sa première épouse en 1950, il a eu quatre enfants, dont l'un d'entre eux est professeur de sculpture à l'École d'Art de Poitiers. La première réalisation de Léon Claro est la construction de la Maison indigène à Alger en 1930, à l'occasion des fêtes du Centenaire de l'Algérie. Sur une initiative du Président Gaston Doumergue, le maire d'Alger avait décidé de construire une maison caractéristique de l'habitat traditionnel. Son emplacement était fixé au sommet de la Casbah des Turcs. Claro utilisa pour cette construction beaucoup d'éléments réemployés, provenant de démolitions, achetés à bas prix. La première construction publique importante est celle du Foyer Civique, siège de l'Union Générale des Travailleurs Algériens. Le projet fit l'objet d'un concours organisé par la ville d'Alger en 1935, Charles Brunel étant maire. C'est un très grand édifice à ossature de béton armé. La façade abrite sous un entablement saillant un porche dans lequel s'ouvrent, en retrait, cinq portes monumentales de bronze. Deux minces pilotis supportent la partie centrale de l'architrave ; de part et d'autre du porche, les avant-corps sont décorés en partie haute par Belmondo, à droite, et par Bégué à gauche(1). Outre les sculpteurs, plusieurs artistes peintres interviennent dans la décoration de l'édifice sur des thèmes définis par Léon Claro : Émile Claro et Le Repos des travailleurs, Fernez et Le Travail; ainsi que Carré (dans l'escalier). L'édifice semble très représentatif de la modernité, classique et monumentale, que pratiquaient dans les années trente les jeunes architectes de la génération de Léon Claro. La vitalité de la commande privée, en Algérie, est remarquable en cette période et ne semble pas affectée par la crise économique qui sévit en France. C'est ainsi que Claro est chargé de l'aménagement de la maison d'habitation de Frédéric Lung, important négociant en vins d'Alger, boulevard Carnot. Il fait installer un ascenseur, décore de marbre et d'acajou le hall, l'escalier et les espaces de réception. A Bellefontaine, à l'est d'Alger, il dessine les jardins de la propriété Lung. La construction de la nouvelle École des Beaux-arts d'Alger en 1950 est le programme où Claro exprime son admiration pour l'architecture de Gustave Perret(2). La composition reste marquée par les symétries, et la recherche des transparences par des portiques, La construction à ossature est complétée par un remplissage de carreaux préfabriqués en béton armé avec parement de gravier lavé. Les mêmes principes semblent avoir dicté la dernière grande construction de Léon Claro, L'hôpital de Tizi-Ouzou« (600 lits), réalisée par l'entreprise Chalumeau (1958-1964). La visite de Le Corbusier en Algérie au début des années trente avait beaucoup impressionné Claro. Il disait avoir entendu des "conférences extraordinaires" . Il conservait avec émotion l'édition de La Ville Radieuse et soulignait combien le site d'Alger était important dans la démarche urbanistique de Le Corbusier, Léon Claro reconnaissait avoir été soutenu dans son activité par ses nombreuses relations personnelles, tel Émile Lacanaud, directeur de la Dépêche Algérienne, qui rendait compte dans ce quotidien de ses réalisations et l'appuyait aussi parfois pour obtenir des commandes.
O.G.
1 Bégué était professeur de modelage à l'École des Beaux-Arts d'Alger et eut Belmondo comme élève. 2 les frères Perret, Auguste (1874-1954) Gustave (1876-1952), Gaude (1880-1960), architectes et entrepreneurs, ont donné à l'architecture de béton armé ses lettres de noblesse dans le sens d'un effort de prolongement des traditions classiques.
Parmi ses œuvres :
Nous avons cité plus haut les ouvrages les plus connus de Léon O~ * La Maison indigène (1930). * Le Foyer Gvique (1935). * L'École des Beaux-Arts d'Alger (1950). * L'hôpital de T1ZÎ.-Ouwu (1958).
Ajoutons : * L'école du Champ - de- Manœuvres, (1937) * Le bâtiment du Tri Postal (1959). * A signaler le numéro spécial de Mémoire Plurielle N° 43-44, entièrement consacré à l'architecture en Afrique du Nord.
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