Bertrand

Lacaste

 
 

Accous, 1897

Accous, 1994

Bertrand Lacaste, évêque d'Oran

 

Tout à son devoir dans la fidélité de l'Evangile, Bertrand Lacaste, à travers un épiscopat de grandeur, de bonté et de souffrances, a su soutenir les Français de l'Oranie dans les heures douloureuses qui ont précédé et suivi l'indépendance de l'Algérie.

Bertrand Lacaste est né le 26 juin 1897 à Accous (Vallée d'Aspe, Pyrénées Atlantiques. Après des études au grand séminaire de Bayonne, écourtées pour cause de maladie, il est ordonné prêtre le 11 mars 1923.

Tour à tour, professeur à Oloron, vicaire à Monein, à Saint­Martin de Pau, missionnaire diocésain en 1931 et, jusqu'à sa nomination à Oran, il est aussi aumônier diocésain de l'Action catholique générale de l'AC! (milieux indépendants) et des Guides de France. Son ministère en Béarn est interrompu par sa captivité comme prisonnier de guerre, en 1939-40.

Nommé évêque d'Oran le 29 décembre 1945, il est sacré à Pau le 25 mars 1946. Oran l'accueille le 13 avril 1946. En vingt-sept années d'épiscopat en Algérie, il développe l'Action catholique générale, crée 16 nouvelles paroisses, fait construire 33 églises. A son arrivée, le diocèse compte 124 prêtres; en 1962, ils seront 218. Très attentif au monde des religieux, il crée des organismes, regroupant les religieuses enseignantes et hospitalières, et il accueille de nouvelles congrégations.

La guerre d'Algérie (1954-1962) éprouve douloureusement ses diocésains. Soucieux d'annoncer l'Evangile, signant avec l'Episcopat algérien des Lettres pastorales, rappelant les exigences de la foi chrétienne, il est aussi compatissant à la souffrance de ses fidèles, et il sera injustement accusé d'être "Algérie française". Il refuse en mai 1962 au Haut-Commissaire de France en Algérie d'intervenir auprès de l'OAS à Oran, voulant rester dans son rôle spirituel.

Sa mission d'évêque le conduit à élargir ses contacts, empreints d'urbanité, au monde musulman. En faveur des déshérités de cette population, il favorise la création d'institutions sociales. Ses relations avec le pouvoir politique français ou algérien sont empreintes de. civilité.

Après l'indépendance de l'Algérie, en 1962, il poursuit sa mission dans un diocèse, privé de la majorité de ses chrétiens. Il accueille d'autres chrétiens, originaires de plusieurs pays, venus apporter leur aide à l'Algérie naissante et développe l'œuvre caritative de l'Eglise. Appelé à participer au Concile Vatican II, il en rapporte des notes sur ses impressions, ses contacts avec d'autres évêques, qu'il communique à son clergé après chacune des sessions.

A l'âge de soixante-quinze ans, sa démission acceptée, il se retire dans son village natal pour y avoir une "retraite priante et active". L'évêque exerce alors un nouveau ministère auprès de ses anciens diocésains. Répondant favorablement à leurs invitations lors de manifestations religieuses, il va de Menton à Perpignan, de Bayonne à Belfort. On le surnomme alors "l'évêque de la dispersion", tant il est une figure emblématique des rapatriés. On le retrouve chaque année au pèlerinage de Notre Dame de Santa Cruz à Nîmes, où une réplique de la statue de la Vierge d'Oran a été rapportée dans ce sanctuaire qui garde la mémoire de la basilique qu'il avait fait construire sur la montagne dominant Oran. Le 15 août, il est à Lourdes avec les Oranais, pour le pèlerinage ininterrompu depuis 1929. Pendant quarante-six ans, Mgr Lacaste a marqué son épiscopat de grandes réalisations, mais il faut aussi souligner la richesse spirituelle de cet homme, animé d'une foi communicative, d'un sens du respect des autres, d'une bonté patiente, d'un calme olympien, de rapports empreints de douceur.

Il s'est éteint dans sa maison natale d'Accous le 20 avril 1994. Ses obsèques eurent lieu le 23 avril. L'évêque de Bayonne résuma ainsi cette éminente personnalité : "un Béarnais s'est éteint, un simple, un grand, un homme de Dieu. En lui, la sagesse de l'Aspe, la courtoisie du Béarn, la vigueur des Pyrénées. Avec ses yeux d'aigue-marine, sa sveltesse et sa dignité, l'homme était noble. Attirant les regards, il devenait sans le chercher, centre de référence. Affectueux, il savait monter la garde de ses sentiments. il réagissait d'instinct avec la prudence des gens de sa vallée".

Louis Abadie

 

 

Note:

 

Une association Archives et Mémoire, Les Amis de Mgr Lacaste a été créée afin de perpétuer son souvenir Elle soutient les archives historiques du diocèse d'Oran en France (et non pas les actes de catholicité). Prêtres et fidèles sont invités à y déposer tout document religieux, utile aux futurs chercheurs en histoire. Son adresse est 490, rue du Stade 34830 Clapiers.

 

 

Bibliographie :

 

* Bertrand Lacaste, évêque d'Oran : de Louis Abadie. Editions Jacques Gandini 7, rue Roquebillière, 06359 Nice Cedex 4.

 

 

retour à la page des biographies