Louis Carton |
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1861 Tunis, 1924 |
Demeter Kernophoros IIIe IIe siècle av.J.C. (Carthage)
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Passionné d'archéologie, le docteur louis Carton a consacré une partie de sa vie à la découverte des sites antiques de Tunisie, notamment dans la région de Carthage. Ses travaux ont constitué un apport notable à la connaissance de l'histoire de ce pays. |
Docteur en médecine de la Faculté de Lille en 1883, médecin au 4éme Tirailleurs à Sousse, puis médecin major au 4éme Chasseurs à cheval, Louis Carton parcourut pendant six ans la Régence de Tunis, en ouvrant de nombreux sites de fouilles. Passionné par ce pays, il devait y passer une grande partie de sa vie ... Correspondant de plusieurs sociétés de géographie, il publia des récits de ses voyages, faisant œuvre, non seulement de géographe, mais aussi d'anthropologue et de sociologue. Il devint membre de la Revue Tunisienne, créée en 1891, sous le patronage de l'Institut de Carthage. En 1893, il fut chargé par le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts de poursuivre les fouilles qu'il avait entreprises sur le site de Dougga et dont il donna une relation très complète. Toujours à Dougga, l'étude d'un temple de Saturne, bâti sur les vestiges d'un temple de Baal Hammon dont il avait reproduit la forme, l'amena à formuler la théorie qui sous-tend ses travaux et selon laquelle "sous le Romain d'Afrique, on devrait trouver le Berbère." Il estime que, dans ce monument du Hème siècle recouvrant les vestiges des anciennes croyances libyennes, dans cet édifice, romain par son entrée et son style, sémitique par son intérieur et sa disposition, on trouve un bel exemple de ce mélange de races et de mœurs. Il précise : "la fusion des coutumes funéraires, des traditions religieuses, des langues berbères, le caractère de vieille forteresse de Dougga, montrent quelles profondes racines y avaient poussées les civilisation écloses ou importées sur ce sol avant la venue de l'influence romaine". D'ailleurs sur une stèle du "Mausolée de Dougga". une double inscription en phénicien et en libyen, comme pour la pierre de Rosette, permit le déchiffrement du berbère. Dans La Revue Tunisienne, Louis Carton dirigera pendant des années la Chronique archéologique de l'Afrique du Nord, menant les débats entre les savants, analysant et discutant les publications et les théories. Lui-même donna une description de la voie romaine, entre Carthage et Théveste, construite sous l'empereur Hadrien par un légat P. Metellus Secondus, grâce aux inscriptions des bornes milliaires. L'étude du terrain l'amena à décrire le pays, au temps de sa traversée par la voie romaine, comme un "centre céréalier et d'olivettes, avec une densité de population comparable à celle de la France". Ce fut surtout à Carthage qu'il a consacré l'essentiel de ses efforts afin de sauver un site, dévasté par la spéculation immobilière et le vandalisme de pilleurs de pierres, tandis qu'il lançait un appel à l'aide et à la générosité des pouvoirs publics et de la communauté des archéologues. Il appliqua à ce site sa théorie immuable "qu'à Carthage, il n'y avait pas que du romain !", ce que confirmèrent des fouilles plus approfondies. Sa thèse devait être confirmée peu avant sa mort. En effet, après la découverte en 1903-1904 d'un sanctuaire de Tanit à EI-Kenissia, la fouille d'un sanctuaire à Carthage en 1920, fit apparaître de très belles effigies- puniques de terre cuite. On doit à Louis Carton l'énumération et la classification des quarante sites antiques, dont les bains de Didon, l'hippodrome et le théâtre ainsi que celles des statues dont un Apollon colossal. Il eut l'idée de concilier la protection de la ville et la promotion du tourisme, vital pour financer d'autres fouilles, en aménageant des "promenades de verdure entre les mélancoliques ruines", ainsi que des hôtels dans les alentours. Il fut soutenu, dans ses efforts, par le Bulletin du comité des dames amies de Carthage, présidé par son épouse et qui attira de généreux donateurs, permettant ainsi l'aménagement et la présentation des tombeaux puniques. Afin de promouvoir Carthage la punique, ce correspondant de nombreuses sociétés d'archéologie de Fiance, de Belgique et d'Italie, accepta la présidence de la Fédération des syndicats d'initiative de Tunisie en 1919 et celle du syndicat de communes: Sidi-Bou-Saïd, la Goulette, la Marsa et Carthage. Il se fit le vulgarisateur passionnant de ses fouilles dans l'Illustration, le Magasin Pittoresque et la Tunisie Illustrée. Les donations de Louis Carton ont été nombreuses au musée de Sousse, pièces de monnaie arabes, bas-relief représentant deux panthères affrontées, découvertes à Aïn-Zerred près de Thurbane (1904), inscription grecque sur un marbre (1914). D'autres pièces, dont les effigies puniques, furent offertes au musée du Bardo, puis constituèrent le fond du musée de Carthage. Annie Krieger-Krynicki
Parmi ses œuvres :
Ses publications sont très nombreuses, à raison d'une par an de 1889 à 1920. On peut citer: * Le sud de la Régence, Revue Tunisienne 1889-1891. * De la Khroumirie au Djérid. Revue Tunisienne 1891, cité in Mémoire Plurielle, N° 36 juin 2003 Paris. * De Tunis à Dougga. Bulletin de la société de géographie de Lille, 1893. * Une campagne de fouille à Dougga, une grande ville de l'Afrique romaine. Douai 1894. * Un édifice de Dougga en forme de temple phénicien. Mémoire de la Société des Antiquaires de France, 1897. * Le sanctuaire de Tanit à EI-Kenissia. Académie des inscriptions et belles lettres 1908. * Carthage et le tourisme en Tunisie, Boulognesur-mer, Touring Club de France 1919. * Référence iconographique in La Tunisie Antique (de Hannibal à Saint-Augustin) Hedi Slim et Nicolas Fauqué Mengès - Paris 2002.
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