Vincent Monréal |
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Relizane, 1906 Nîmes, 1979 |
Qui n'a pas connu ou ne connaît pas les clémentines Monréal ? C'est grâce à la perspicacité et à l'énergie de cet Oranais que s'est développée la culture de cet arbre maintenant répandu presque partout dans le monde. |
Vincent Monréal est né à Relizane en 1906. Après de solides études à l'issue desquelles il obtiendra son diplôme d'études commerciales, il effectue son service militaire. En 1931, il épouse Marie Vuidès dont le père possédait des propriétés à Perrégaux. Ils auront trois enfants. Le décès accidentel de son beau-père l'obligea à s'installer dans cette localité. En grande partie car celui-ci était très endetté. Avec beaucoup de courage, d'énergie et d'intelligence, Vincent réussit à redresser la situation de la propriété familiale. Rappelons que si la vigne en Algérie connut un développement fulgurant, elle fut peu à peu remplacée, en raison des grandes crises viticoles, dans les plaines de Relizane, Orléansville, Mitidja, Soummam et Misserghin, au fur et à mesure de l'extension des ressources hydrauliques, par le verger d'agrumes. Celui-ci se composait, vers 1940, de diverses variétés d'orangers(1) qui occupaient la majorité des surfaces cultivées et d'un petit pourcentage de citronniers, mandariniers, de quelques pomélos et de clémentiniers. La clémentine, variété de mandarine sans pépins, provenait d'une hybridation de mandarinier et de bigaradier. Celle-ci fut réalisée par un moine, le frère Clément, (Vital Rodier pour l'état-civil) qui œuvrait avec un autre moine, le frère Marie-Elie, dans le couvent du Bon Pasteur de la congrégation des Frères de l'Annonciation à Misserghin. Ils avaient tous deux la charge du verger qui ceinturait les bâtiments. Cette nouvelle espèce de fruit fut tout naturellement dénommée "clémentine". Le frère Marie-Elie, pour sa part, se spécialisa dans la fabrication de la liqueur de mandarine. La culture de la clémentine se développa à partir de 1892, mais elle avait deux défauts majeurs pour un agriculteur soucieux de rentabiliser son exploitation : son calibre, trop souvent inférieur aux normes commerciales, et l'irrégularité de sa production. Aussi, lorsque Vincent Monréal, grâce à son esprit aigu d'observation et son intelligence, découvrit dans un vieux verger abandonné, un arbre chargé de belles et grosses clémentines, douces à souhait, il mit aussitôt à profit sa découverte et s'attacha à réaliser, sur une grande échelle, une culture de clémentiniers beaucoup plus rationnelle. Bientôt la clémentine Monréal fera fureur sur les marchés d'exportation de primeurs. Très appréciée des consommateurs, cette culture se révéla très rentable pour les agrumiculteurs. On peut dire que, très rapidement, les trois quarts de la production mondiale provenaient de l'Afrique du Nord, dont 600.000 quintaux d'Algérie, plus que de l'Italie et de l'Espagne. Certains se seraient contentés d'une telle réussite, mais c'était mal connaître Vincent Monréal. Elu, par ses pairs, président des producteurs d'agrumes d'Oranie, et viceprésident de l'Union d'Algérie, il va réaliser à Perrégaux, la commune d'Algérie possédant la plus grande surface d'agrumes, une usine pour traiter les jus de fruits et légumes et plus particulièrement d'oranges, la SCAP Fruits. Parallèlement, Vincent Monréal était un sportif accompli, champion d'athlétisme, féru de boxe et de football. Il aidait bien souvent, financièrement, les clubs de la région. Pour couronner son œuvre, il créa à Oran, avec l'aide de ses collaborateurs Deharo et Giner, un stade qui portera son nom, digne de la métropole de l'ouest algérien: deux tribunes pour recevoir 11.500 spectateurs assis, une salle des fêtes de 600 mètres carrés avec bar et cuisines. Ce sera, pour l'époque, un géant! Après son rapatriement, il choisira Nîmes pour se réinstaller. Il continuera à se dévouer, tant dans les organisations agricoles que dans les clubs sportifs. Il sera emporté par une crise cardiaque en 1979. Il était titulaire du Mérite agricole et de la médaille d'or de l'éducation physique et des sports.
Luc Tricou
1 Navel, Portugaises, Cadanéra, Sanguines, Doublefines Valencia late, Hameline, sans parler des "oranges du pays".
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