Henry Bosco |
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Avignon, 1888 Nice, 1976 |
Henri Bosco dans sa bibliothèque. |
Il fut profondément marqué par le Maroc lorsqu'il le découvrit. Il y trouva son épanouissement littéraire. Stèles, poème écrit à l'ombre des tombeaux des Mérinides lui a inspiré une méditation métaphysique. |
D'une famille originaire du Piémont, Jacques Bosco le grand-père d'Henri, s'était installé à Marseille, où il travaillait . dans des fabriques de savon et de pâtes. Il eut plusieurs enfants, dont Louis, le père d'Henri. Celui-ci était un artiste lyrique (ténor), de grand talent, qui avait travaillé au Conservatoire d'Avignon et chanté à Nîmes, Montpellier, Paris. De son mariage avec Louise Faléna, étaient nés quatre enfants, morts en bas âge. Le cinquième, Henri, naquit à Avignon le 16 novembre 1888. Henri a trois ans lorsque ses parents quittent la ville pour s'installer, à cinq kilomètres environ de là, dans une grande maison solitaire, tout au bout du quartier de Monclar, non loin de la Durance. Il y vivra jusqu'à dix-sept ans dans une solitude qu'il évoquera souvent, au hasard de ses souvenirs. Ses parents s'absentent, en effet, fréquemment en raison des engagements que son père a acceptés. A cause de sa santé fragile, il recevra à la maison sa première éducation. C'est sa mère qui lui apprend à lire et à écrire. A dix ans, il entre à l'école en Avignon. Puis il fait de solides études classiques au lycée d'Avignon et excelle dans les disciplines littéraires. Pensionnaire dans ce lycée, il souffrait de la vie qu'on lui faisait mener et il s'évada, un jour, pour se réfugier chez sa nourrice Julie. Il poursuit également des études musicales au Conservatoire d'Avignon (harmonie et composition musicales) tout en prenant des leçons de violon auprès de l'organiste de Saint Agricol, Monsieur Maillet. Il sera toute sa vie un amateur passionné de musique; il composera la mélodie de ses Noëls à Lourmarin qu'il chantait volontiers. A sept ans, il rédige un petit récit d'aventures. A treize ans, il obtient un premier prix pour un poème, Etoile de la mer, envoyé à une revue suisse, La Renaissance. Il prépare l'agrégation d'italien à l'Institut français de Florence où il passe au moins deux ans et est reçu en 1912. Après avoir effectué un remplacement dans un collège à Bourg-en-Bresse, le voici nommé au collège de Philippeville en Algérie, ayant quitté l'enseignement de l'italien pour celui des lettres classiques , auquel il restera fidèle jusqu'à la fin de sa carrière. Mobilisé au 4ème régiment de Zouaves, Henri Bosco fera campagne dans l'Armée d'Orient et deviendra sergent-interprète à l'Etat-major, au 2ème Bureau. Il participe aux combats en Grèce, Macédoine, Serbie, Albanie et Hongrie. Blessé et malade, il est . soigné en juin 1915 à Alexandrie, au collège Sainte-Catherine transformé en hôpital. Au hasard de ses missions, il s'intéresse particulièrement aux inscriptions antiques, qu'il relève et déchiffre. Cette période est riche en rencontres précieuses (Charles Picard, Jérôme Carcopino ... ), dont certaines donneront naissance à de profondes amitiés. Démobilisé, Bosco est nommé lecteur à l'Université de Belgrade (1919) où il n'enseignera d'ailleurs pas, faute d'étudiants. Depuis plusieurs années, avant même ses études supérieures, il écrit de nombreux poèmes lyriques et dramatiques auxquels sa découverte de Dante et de Pétrarque va donner un contenu de plus en plus symbolique. Il fait, en 1920, un voyage à Alger qui le marque: "Chez nous, dès qu'il s'agit d'Afrique, encore aujourd'hui, tout devient le plus naturellement mirages. De la mer et du Sud, naissent les fables". Chargé d'une maîtrise de conférences à l'Université de Grenoble, Henri Bosco est détaché à l'Institut Français de Naples où il restera dix ans. Il y donne des cours publics. Le 16 juillet 1930, il épouse Madeleine Rhodes à Ollioules (Var). De 1930 à 1931, il enseigne à Bourg-en-Bresse. Il continue à écrire des poèmes, puis se tourne vers le récit romanesque, auquel il demeurera fidèle tout au long de son œuvre. Henri Bosco arrive au Maroc, à l'automne 1931. Il Y passera vingt-quatre années, les plus riches et les plus fécondes de toute son existence. C'est là que son œuvre va 1 prendre sa pleine dimension spirituelle. A Rabat, où il s'est établi, il enseigne les lettres classiques au lycée Gouraud. Vers la fin de sa carrière, il est chargé de la classe de Lettres Supérieures. En 1945, après le Prix Renaudot, il prend une retraite anticipée. Président de l'Alliance Française au Maroc, il permet aux représentants de la culture française, de s'adresser au public marocain lettré. Il collabore activement à la vie intellectuelle en métropole, par ses articles publiés dans les Nouvelles Littéraires, les Cahiers du Sud, L'Arche, etc .. C'est à Alger qu'il fonde la revue Aguedal, évoquée par Albert Camus dans ses Essais, et la dirige de 1936 à 1945, avec quelques interruptions. Il publie poèmes, études, comptes rendus et y accueille de nombreux collaborateurs, dont Henri Pourrat, Gabriel Audisio et bien d'autres. Il donne des articles aux revues d'Afrique du Nord, comme la Revue de la Méditerranée ou la Revue d'Alger. Il écrit le texte d'un film documentaire sur les Contes de la forêt berbère. Grâce à toutes les amitiés qui l'entourent, Henri Bosco passe par une véritable initiation qui, jointe à l'épreuve des années de guerre, oriente sa vie intérieure vers une quête spirituelle, passionnée, et prépare l'éclosion d'une œuvre originale. Le docteur Mardrus, traducteur des Mille et Une Nuits, et le romancier François Bonjean, révèlent à Bosco la richesse de la tradition religieuse arabe et, plus particulièrement, le symbolisme secret de la mystique soufie. Au 14, rue de Marrakech, la haute demeure des Bosco est bientôt transformée en salon littéraire. Tout un groupe d'amis, adonnés aux arts et aux lettres, s'y retrouvent. Gabriel Germain évoque la maison des Bosco à André Gide, réfugié à Fès et logé à la villa Brown: "C'est une des crêtes de Rabat. Un antique figuier, encore éclatant de vigueur, garde l'entrée du jardin. Contre la façade, deux cyprès méditent. De l'étage où travaille Henri, une large baie surveille l'estuaire, les deux villes, l'horizon marin ... "
Henri Bosco quitte, à soixante-sept ans, ce
Maroc qui lui fut si cher et qu'il n'oublia jamais. Il
s'installe à Nice, sur les hauteurs de Cimiez, dans un vieux
mas provençal, la Maison Rose, qui deviendra un haut lieu
d'amitié et de vie spirituelle. Il séjournait fréquemment à Lourmarin, dans son bastidon perdu dans les collines. Il meurt à Nice le 4 mai 1976 et est enterré au cimetière de Lourmarin. Le Prix des Ambassadeurs lui est attribué en 1949, et en 1953, le Grand Prix National des Lettres récompense l'ensemble de son œuvre. Il était Commandeur de la Légion d'Honneur, de l'Instruction Publique, et de l'Ordre National des Lettres. Il avait reçu la Croix de Guerre 14-18 et la Médaille Militaire serbe. Chevalier de la Couronne d'Italie, il était citoyen d'Honneur des villes d'Avignon et de Nice. La ville de Marseille l'avait honoré de sa Grande Médaille d'Or. O. G.
Parmi ses œuvres :
* L'Ane Culotté (1937) * Hyacinthe. Le jardin d'Hyacinthe (1941) * Le mas Théotime (1945) Prix Renaudot * Malicroix (1948) * L'antiquaire (1954)
Souvenirs :
* Sites et mirages. Alger la fabuleuse (1951) * Des sables à la mer (pages marocaines) * Une ombre (1973), posthume. |