François

Bourgade

 
 

Gaujan 1806

Montrouge 1866

 

Pionnier de la présence française en Tunisie

et homme de charité, ce prêtre a eu un destin exemplaire.

Né à Gaujan (Gers) le 7 juillet 1806. Ordonné prêtre en 1832, après des études au Grand Séminaire d'Auch, il est nommé vicaire à Mirande, dans le centre du département. En 1838, il part pour Alger comme missionnaire apostolique et devient aumônier des Sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition qui se consacrent à l'enseignement. Cette Congrégation, toute récente, a été fondée par Emilie de Vialar dont la famille a des biens en Algérie. A la suite de démêlés avec Mgr Dupuch, évêque d'Alger, les Sœurs sont obligés d'abandonner leurs établissements en Algérie et viennent s'installer en Tunisie où le consul de France les appelle. L'abbé Bourgade les accompagne en 1841 et se fixe sur la colline Byrsa devenue Saint-Louis, à Carthage, en septembre 1842 comme aumônier de la chapelle Saint Louis. Cette chapelle avait été inaugurée., le 25 août 1841 sur un emplacement cédé par Hussein bey à la France, conformément à l'acte additionnel secret au traité du 8 août 1830. La maison qu'il devait habiter près de la chapelle fut vite remplie du produit des recherches archéologiques qu'il effectuait avec ses amis. Pour l'aider, il avait sur place un vétéran de la Grande Armée, Gioacchino, corse ou sarde d'origine.

Son activité de chapelain, au début bénévole, lui fut rémunérée moyennant une subvention annuelle de 6000 francs à partir de 1848. Par contre, de ses propres deniers, il créa dès 1843 un petit hôpital à Tunis, l'hôpital Saint Louis, destiné à succéder à l'hôpital pour esclaves des Trinitaires, fermé alors par suite du départ des Pères. Cet établissement sis dans la rue des Moniquettes au seuil de la Medina comportait un rez-de-chaussée et un premier étage ; il ne compta au début que huit lits et, par la suite, fut ouvert aux vieillards indigents. Il fonctionnait grâce à des dons de la colonie française et les médecins y donnaient leurs soins gratuitement. En 1850, au moment de l'épidémie de choléra, qui enlevait à Tunis jusqu'à 200 personnes par jour, l'abbé Bourgade s'y dévoua sans compter avec les Sœurs de Saint Joseph.

En 1844, il prévoit une association religieuse pour prendre sa place sur la colline de Byrsa.

Il ne verra point sa réalisation qui sera la Société des Missionnaires d'Alger, fondée par le cardinal Lavigerie.(1)

Ne se contentant point de ces activités, il veut aussi œuvrer dans l'éducation et fonde à Tunis dans une impasse, appelée depuis "impasse du Missionnaire" la première école française: le collège Saint-Louis où les cycles primaire et secondaire étaient assurés par un personnel laïc. Tout à côté, une annexe maternelle recevait une soixantaine d'enfants. Ces deux établissements étaient ouverts à tous, sans distinction de race ou de religion.

Dans son désir d'ouvrir le pays à la culture et à l'échange, il organise un cercle: l'Association Saint-Louis, qui était une sorte de croisade pacifique et monte un atelier typographique qui imprime le Bulletin des soirées de Carthage, où rivalisaient poètes et prosateurs locaux.

Malheureusement des difficultés financières l'obligent en 1853 à fermer le collège qu'il cède à ses collaborateurs. Lui-même, durant son passage dans la Régence, écrivit et publia des ouvrages de controverse religieuse où il évoquait des conversations avec un imam.

Son activité portait ombrage au vicaire apostolique italien, Mgr Sutter, qui restait réticent à toutes les innovations de l'abbé Bourgade d'autant plus que comme aumônier des Sœurs de Saint Joseph, il les aidait à développer écoles et dispensaires à La Marsa, La Goulette, Bizerte, Sousse et Sfax. Il s'agissait pour le prélat d'une œuvre

française bien que dans les établissements scolaires on accueillit aussi bien les Maltaises et les Italiennes que les Françaises. Malade et découragé, peu appuyé par le consul de France de l'époque alors qu'il était encouragé par le bey, l'abbé Bourgade quitte la Tunisie en 1858 et se fixe à Paris où il fait paraître avec la collaboration d'un ancien notaire de Tunis, Soliman el Haraïri un journal bilingue français et arabe Le Byrgis. Il continue la publication d'ouvrages à connotation religieuse ou culturelle. Malgré le petit subside qu'Émilie de Vialar continuait à lui allouer, il vivotait dans un état de grande pauvreté et décéda à Montrouge le 20 mars 1866, pratiquement oublié de tous.

 

François ARNOULET

 

1- Voir la biographie de Charles Lavigerie dans Les Cahiers d'Afrique du Nord, N° 6.

 

 

Bibliographie :

 

* Un oublié, l'abbé Bourgade Paul Gabent, son neveu, curé de Pessan. Auch 1905.

* Un pionnier, l'abbé François Bourgade, Eugène VasseL Revue tunisienne 1909.

 

Parmi ses œuvres :

 

- Les soirées de Carthage 1847

- La clef du Coran 1852

- Toison d'or de la langue phénicienne 1852

- Passage du Coran à l'Évangile 1855

- La Tunisie, notice historique 1859

- Lettre à M. Renan 1863

- Le collier d'or 1864

- Baal-Hab 1864

- Roman d'antan 1866

 

 

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