Marcello-Fabri |
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Miliana 1889 Alger 1945 |
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Infatigable animateur d'une union intellectuelle des deux côtés de la Méditerranée, c'est sous un pseudonyme que ce fils d'une grande famille d'Alger devint écrivain et peintre de talent. |
Marcel-Louis Faivre naquit à Miliana. Ses parents et grands-parents sont de vieille souche franc-comtoise. Pionniers de l'Algérie française, ils ont fondé sur les contreforts du Zaccar, près de Miliana, le village de Vesoul-Bénian. La famille s'attache avec passion à la terre de ce pays neuf qu'elle contribue à développer, tout en cultivant la poésie er la musique, héritage du patrimoine comtois. Marcel Faivre a sept ans quand ses parents viennent résider à Alger. Il fait de brillantes études au Grand lycée, et décide de les poursuivre, tout en gagnant sa vie lorsqu'il perd son père à l'âge de quinze ans. Il écrit déjà des poèmes et des récits. Dès dix-sept ans il collabore aux journaux et revues culturelles d'Alger. C'est en 1909, à l'occasion de la publication de son premier ouvrage Hallucinations qu'il prend le pseudonyme de Marcello-Fabri. Il fait cette année là, un premier séjour à Paris qui sera le prélude d'une vie partagée entre la capitale et Alger. Une liaison s'établit entre les deux villes: échanges d'articles, de publications. A Paris, il se lie et travaille avec René Ghil, Paul Fort, Paul Adam, Lacaze-Duthiers. A Alger, il retrouve des amis qui seront ses compagnons de vie : le peintre Augustin Ferrando, le poète et esthète Albert Tusres, le sculpteur Emile Gaudissard, Jean Pomier, poète et critique d'art, l'esthète Alfred Rousse, le peintre Thomas Rouault. Il épouse en 1915 Geneviève Germain. Née à Blida d'une famille de pionniers, défricheurs de marais de l'ouest Mitidja. Lettrée, auteur d'essais philosophiques, musicienne, elle sera toujours auprès de son mari d'une attention et d'une volonté sans faille, malgré une santé fragile. En 1919, il s'installe à Paris avec son épouse et fonde la Revue de l'Epoque. C'est pour lui une période d'intense activité littéraire : romans, poèmes, ainsi qu'une pièce de théâtre, Le Génie camouflé, mise en scène par Lugné-Poë au Théâtre de l'Œuvre, puis à nouveau en 1947, après sa mort au Théâtre de l'Humour, codirigé par Roger Lauran et Jean Mercury, dans la mise en scène de ce dernier. De retour à Alger en 1925, dans sa villa du Mont Hydra, il travaille avec acharnement, toujours en contact avec ses amis parisiens. Il reçoit de nombreux artistes venus de tous les horizons, et crée avec le peintre Augustin Ferrando, la FATI. (Fédération africaine des travailleurs intellectuels) qu'il préside. Les écrivains Robert Migot, Robert Randau, Abdelkader Fikri, le professeur Henri Jahier, le sculpteur Pouvreau-Baldy, les peintres Famin, Aglietti, Assus contribuent à rapprocher Oran d'Alger et à briser l'isolement artistique de l'Algérie avec la métropole. De nouveau à Paris en 1937, il fonde L'Âge Nouveau, revue littéraire, artistique et philosophique où trouvent place les publications d'artistes des deux côtés de la Méditerranée. Par sa qualité et sa diversité, cette revue est une réussite. Il est à Alger en août 1939 et durant cette période de guerre, le Mont Hydra deviendra un cénacle œuvrant au rapprochement des différentes tendances qui, toutes, luttent pour la libération de la patrie. Dès la victoire, il pense regagner Paris pour réaliser son grand projet : l'édification, rive gauche, d'un immeuble entièrement consacré aux manifestations de l'esprit, avec théâtre, cinéma, salle d'exposition, de peinture, de conférence, bibliothèque, atelier d'imprimerie et édition. Son but était de reprendre la tâche interrompue de messager de l'art entre Alger et Paris. Mais des problèmes de santé l'en empêchèrent. Il meurt le 28 décembre 1945 d'une hémorragie cérébrale. A l'occasion du centenaire de sa naissance, Jacques Soustelle, de l'Académie française, devait rendre hommage à « l'éminent représentant de la culture française en Algérie, le poète, romancier et philosophe, Marcello Fabri, dont toute la vie, vouée aux travaux de l'esprit, s'est déroulée entre deux pôles Paris et Alger. » Ainsi, ajoutait-il « se sont tissés entre les deux rives, françaises l'une et l'autre, de la Méditerranée, des liens esthétiques et intellectuels dont l'œuvre de Marcello Fabri a été l'un des éléments essentiels ». Abdelkader Fikri écrivait le 27 mars 1946 : « Marcello-Fabri fut l'un des cerveaux et des cœurs les plus purs. Le monde sait-il qu'il a bien mérité de l'humanité? L'Islam le saura ... »
D'après une biographie
communiquée
PARMI SES ŒUVRES
Poèmes
Hallucinations (1909) L'Homme qui devient Dieu (1912) Poèmes synchroniques suivis de La Messe d'art (1932) Les Chers Esclavages (1938, puis 1996) ... De l'île déserte (1937) Cryptogammes pour civilisés demeurés sauvages (1942) Notre-Dame de la chair (1942)
Drames
La Folie de l'homme (1919) Le Génie camouflé (1925) L'Homme aux cent deniers Jugurtha Chorégraphie, thème possible : Poèmes synchroniques suivis de La Messe d'art (1922)
Essais
Notre époque et notre art Regards sur le destin des arts (1939) Œdipe sans énigmes (1939)
Romans
La Force de vivre (1909) L'Inconnu sur les villes (1921), Visages du vice Puissances de la foi (1938) La Terre et les Miraculées (1939)
ETUDES ET HOMMAGES CONSACRÉS A MARCELLO-FABRI
- Paysages d'Alger, dernière réédition février 1998, éditions Santa Maria. - L'Algérianiste n° 47, septembre 1989. - Marcello Fabri, devancier du surréalisme, Librairie Droz, Genève, 1971. - L'Âge Nouveau, n° 95, décembre 1955, entièrement consacré à l'homme, l'œuvre, quelques inédits. - Septuor pour un homme de ce temps, Edition de l'Âge Nouveau. - Stèle dédiée à Marcello Fabri par ses amis, Presses du Livre francais, 1947. - Introduction à l'œuvre de Marcello Fabri de Charles Richard Grassi. La Cité nouvelle, 1939. - Opinion sur Les Chers Esclavages, 1938. - Poète dans la cité. - Les Iles de Marcello Fabri, Editions Santa Maria 1998 (à partir d'extraits de ses œuvres et de celles de ses exégètes). - Des Chemins et des Hommes. La France en Algérie 1830-1952. Ouvrage collectif, Harriet-Cururchet, 1995. |