Patureau Francœur |
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Berry 1809 Gastonville (Algérie) 1868 |
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L'extraordinaire épopée d'un petit marchand de fromage qui s'est mis à cultiver la vigne. |
"Colons en Algérie" gravure du Monde Illustré.
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Etrange destin que celui de Patureau, fils d'un petit marchand de fromages de chèvre en Berry er ami de George Sand. Né en 1809, il fréquente pendant quatre ans l'école mutuelle pour y recevoir l'instruction indispensable aux cultivateurs er aux ouvriers, Ce rte éducation le conduit à être, comme son père, marchand de fromages et, de surcroît, vigneron. Cependant, doté de curiosité d'esprit, il lisait beaucoup et prolongeait ses lectures par des contacts directs, voire épistolaires. Jointes à son amabilité naturelle, ces qualités lui valurent assez vite, dans son entourage, une certaine popularité, d'où son surnom de « Francœur ». Bien qu'ayant abandonné la pratique religieuse, il resta toute sa vie marqué par l'éducation chrétienne donnée par sa mère. Passionné par la lecture de Paroles d'un croyant, de Lamennais, il engagea avec l'auteur une correspondance qui devait influencer sa pensée politique. Plusieurs événements devaient le conduire à s'engager dans l'action politique. Les émeutes provoquées par la famine dans sa région, le Berry, en 1847, puis l'arrivée du chemin de fer dans cerre province, avaient créé un érar d'agitation populaire. Patureau devient alors l'un des leaders de l'opposition dans son département. Prenant contact avec George Sand, il se voit confier la propagande du Travailleur de l'Indre, journal républicain dont la publication ne sera pas durable. Après le coup d'Etat du 2 décembre, Patureau, accusé d'avoir voulu soulever la population, est condamné à partir pour l'Algérie. Il prend la fuite et, mettant à profit les longues journées où il doit se terrer, il écrit un petit traité de la culture de la vigne. Gracié avec l'appui de George Sand, il est accueilli triomphalement à Châteauroux où il reprend son métier de vigneron, tout en poursuivant ses activités politiques. Après l'attentat d'Orsini, la loi de sûreté générale donne aux autorités toute latitude pour agir contre les opposants, même s'il s'agit de simples suspects. Le 24 février 1858, Patureau est arrêté. Il est condamné à l'internement en Afrique et, cerce fois, malgré les interventions de George Sand, il doit partir pour l'Algérie. Une vie nouvelle commence alors pour lui. C'est l'espérance qui domine à l'arrivée dans ce pays qui est avant tout, aux yeux de cet homme, un pays neuf. Envoyé à Bône, puis à Guelma, il peut circuler librement dans cette commune aussi grande que le département de l'Indre et les proscrits y sont bien vus des habitants et des autorités. D'après les lettres qu'il écrit à George Sand, nous savons qu'il est tout de suite frappé par la puissance et la beauté de la nature algérienne. Il s'émerveille de la richesse des sols. Le tableau serait idyllique s'il n'y avait pas les hommes. Il les juge paresseux et ignorants, procéduriers et irréligieux, incapables de cultiver la terre. Lui, se met courageusement au travail, non sans succès. Il prend d'abord une terre à ferme avant d'obtenir une concession. Il mange ses petits pois et ses artichauts. Le blé pousse, bien que la sécheresse retarde souvent les labours. En 1893, il le fera battre par une machine à vapeur qui fera 4000 gerbes en deux jours: les Arabes s'enfuient en criant au diable! Quant à la vigne, elle donne magnifiquement, lorsque toutefois il n'y a pas de sauterelles. Dans ces conditions, il prend vite son parti de cet exil et s'installe définitivement en Algérie. Il fait venir sa famille, non sans difficultés. Mais la vie est dure. Comme tous les colons récemment installés, il doit faire face aux caprices d'une nature belle et généreuse, mais souvent imprévisible : sécheresse fréquente et invasions de sauterelles, et aussi inondations et autres intempéries. La chaleur est particulièrement pénible à supporter. Il a des ennuis d'argent. Par l'intermédiaire de George Sand, une collecte est organisée par ses amis berrichons. Dans ces conditions difficiles, les santés sont atteintes et la femme de Patureau ne parvient pas à s'acclimater. Elle retourne en France, mais revient au bout d'un an et meurt peu de temps après de la typhoïde. Deux de ses enfants quittent l'Algérie. On comprend donc que George Sand puisse écrire à un ami : « Mon pauvre Patureau ne chante pas de si grands noëls que vous -croyez en Afrique. Il s'y tient en espérant, par son travail intelligent et courageux s'y créer des ressources pour l'avenir. » De fait, Patureau est de plus en plus attaché à cette terre neuve qu'il a contribué à féconder par son travail. L'agriculture de l'Algérie lui doit plus que la mise en valeur de ses quelques arpents de terre. Il ne lui suffit pas de mettre ses bras à son service. Il y met aussi sa plume. Sa spécialité est la vigne. Il reprend donc le petit traité qu'il avait écrit dans la clandestinité après le 2 décembre, le complète par une préface dans laquelle il montre l'intérêt de la culture de la vigne en Algérie et l'adapte aux réalités de la colonie. Son argumentation portant sur la nature du sol, l'exposition, les modes de culture, de vinification et de conservation est particulièrement riche d'enseignements.
Publié d'abord dans Le Zeramma ou L'Echo de Numidie, journal de Philippeville, l'ouvrage paraît ensuite imprimé par Chevalier et Lute en 1861 sous le titre : Culture de la vigne, simples conseils d'un vigneron à ses confrères d'Algérie, par Patureau Francœur. L'ouvrage paraît à un moment tout à fait opportun. L'agriculture algérienne. est à la recherche de son produit. On a tenté de l'orienter avec plus ou moins de bonheur vers les cultures tropicales. Mais il apparaît qu'elle ne peut être qu'une agriculture méditerranéenne. Patureau fut de ceux qui contribuèrent le plus efficacement à établir la culture de la vigne qui, en quelques années, surtout après que le phylloxéra eut ravagé le vignoble métropolitain, constituera la base de la prospérité algérienne. A ce titre, le « vigneron de l'Indre », comme il fut affectueusement surnommé après le succès de son livre est, à sa modeste place, un des acteurs de l'essor de l'Algérie. Le succès de ce livre ne se limita pas d'ailleurs à l'Algérie, puisqu'il reçut une médaille de la Société d'agriculture de Poligny dans le Jura. Il valut à son auteur une notoriété locale qui contribua à l'enraciner en Algérie. Il réagit d'ailleurs vivement au projet de « Royaume arabe» lancé par Napoléon III. « Mieux vaut retourner en France que de demeurer ici sous la coupe des Arabes », écrira-t-il à George Sand en 1863. Patureau-Francœur est décédé à Gastonville le 8 avril 1868. On sait, d'après les dernières lettres adressées à George Sand, qu'il était entouré à cette époque par ses deux plus jeunes fils, Simon et Maximilien. Ce dernier souhaitait s'établir en Algérie et sollicita l'appui de George Sand pour obtenir une concession. L'issue de cette démarche n'est pas connue. O.G. documentation Marc Baroli
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