Frank Turner |
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Aix-en-Provence 1984 |
Documents fournis par Jean-Pierre Turner, fils de Frank, agrégé de mathématiques, professeur au lycée Janson-de-Sailly, préparation aux Grandes Ecoles.
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Frank Turner au piano à Alger, 1937 |
Frank Turner est né à Alger de parents anglais. Son père, originaire du Yorkshire, s'était installé en Algérie comme exportateur de cotonnades indiennes provenant de Liverpool et avait un magasin rue de la Lyre. Sa mère, pur produit de l'ère victorienne, lui avait inculqué une vigoureuse éducation anglaise. Il fait ses études au lycée Bugeaud, mais dès avant la fin du cycle secondaire, il ne songe déjà qu'à la musique, vocation non contrariée par ses parents qui l'aident à faire ses études musicales à Paris et à Londres. Il a dix-huit ans en 1916 et rejoint les armées alliées en Irlande comme infirmier dans les hôpitaux qui reçoivent des blessés de guerre. Revenu à Alger après la guerre, il commence une carrière de pianiste virtuose et se met en même temps à la composition. Dans les concerts qu'il donne à Alger à l'hôtel Aletti, à Oran, à Tunis, au Maroc à la Mamounia et à la Kouroubia, son répertoire de prédilection comprend Bach, Liszt, Chopin et Debussy. Il termine en général ses concerts en interprétant une ou deux œuvres personnelles. Désirant initier son public, peu connaisseur de la musique moderne, il introduit peu à peu dans ses concerts des œuvres de Scriabine, Bela Bartok ou Eric Satie. Entre-temps, il fonde une famille en épousant Elise Régnier, petite fille du grand géographe Elisée Reclus. Ils s'installent dans une vieille maison de Mustapha, ancien cloître, entouré des jardins du Sacré-Cœur. Pour faire vivre sa famille, il doit accepter quelques grands élèves de piano, tandis que son épouse inaugure un cours de solfège pour les petits. Il se tourne à la fois vers la composition, vers la musicologie et crée, au 107 du boulevard Saint-Saëns, une école de musique, connue de toute une communauté bourgeoise du centre ville. Le débarquement des troupes américaines en novembre 1942 va marquer un tournant dans la vie de Frank Turner. C'est à cette époque qu'il reçoit chez lui des musiciens anglais et qu'il fait la connaissance du nouveau représentant à Alger du British Council, Austin Gil, dont la mission est de faire connaître la culture anglaise au même titre que l'Alliance française le fait à l'étranger. En 1944, il accepte le poste de représentant du British Council à Alger. Jusqu'en 1947, il Y développera un foyer de culture. Il organise des concerts destinés à faire connaître la musique anglaise aux Algérois. Il commence ses causeries sur les Virginalistes anglais du XVIe siècle qu'il développera ensuite au cours de ses voyages. En 1947, le British Council ayant supprimé son antenne à Alger, Frank Turner accepte le poste de directeur du British Council de Prague. Avant son départ, il fait don à la bibliothèque de l'université d'Alger de tous les livres et de tous les disques entreposés à la librairie anglaise. Son nom est inscrit en lettres d'or dans le hall d'entrée, au milieu de ceux des grands donateurs de l'Université. Il est nommé tour à tour à Londres, à Paris, à Toulouse, puis à Salonique. De ses voyages, il a rapporté deux instruments anciens : un virginal, copie de l'ancêtre du clavecin, et un clavicorde à cordes grattées. En 1956, c'est à Alger qu'il décide de revenir, là où il a passé son enfance et où son épouse reste viscéralement attachée. Ce retour marque le début de son époque dodécaphoniste et il tente de faire connaître au public algérois la beauté de la musique à douze tons. Il tient aussi l'orgue dans des concerts de musique spirituelle mais il se consacre de plus en plus à la musicologie et rédige des articles et des essais qui s'adressent à des spécialistes avertis plus qu'à des amateurs. Devant fuir l'Algérie en 1962, il se retire à Bar-sur-Loup près de Grasse. En 1965, il donne à Nice un cycle de conférences ayant pour sujet « la permanence du chromatisme », illustrées au piano par des œuvres de Frescobaldi, Bach, Fauré, Debussy, Schonberg ... Il termine sa vie à Aix-en-Provence, laissant de nombreux manuscrits non édités. O.G. d'après Richard Turner
PARMI LES ŒUVRES MUSICALES, ON PEUT CITER :
- pour le piano: Préludes (1938), Sonate, suite (1941), Impromptus, rigaudons, variations sur un thème de Mozart (1927), Trois études (1928), Trois pièces (957), Bagatelles (1958), Variations sur un thème éolien (1933), Sonatines (1938-1939), Arrangements et transcriptions de musiques des XVIe et XVIIe siècles, études techniques de piano. - pour la musique de chambre: Sonate pour violon, fantaisie pour piano et violon (1926), Sonate pour piano et violoncelle (1927), Trois pastorales pour flûte, violon, alto et violoncelle, trio à cordes (1955), Aubade pour flûte et alto (1945), Deux pièces pour piano et hautbois. - pour l'orchestre: Suite grotesque, quatuor à cordes (1928). - pour le chant: Ballades des pendus, Trois chansons de Charles d'Orléans, Rondeau de Clément Marot, Epitaphe de Villon, Trois poèmes d'Edgar Poe, Mélodie pour piano de Shakespeare, Tagore, proses de Marcel Proust.
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