Né à Diest (Belgique) le 14 foréal an XI de la République (17 mai 1803), Henri-Victor est le troisième d'une famille de huit enfants. Son frère aîné est le père de Stéphane Mallarmé¹. Son père, receveur de l'Enregistrement, descendait d'une famille de brasseurs originaire de Vezelise en Lorraine. Sa mère, Rose de Posson est issue d'une vieille famille de Maîtres de Forges du Nord.

Le 22 mars 1822, âgé de dix-neuf ans, Henri Victor s'engage au 51^ème régiment d'infanterie de Ligne. En octobre 1828, il rejoint, comme sous-lieutenant, le 47^ème d'infanterie. Parmi les officiers de ce régiment, il rencontre et se lie d'amitié avec le capitaine de Sacarneiro, qui le reçoit chez lui. Au cours de ces visites, Henri-Victor fait la connaissance de sa fille. Il la demande en mariage, mais doit attendre la fin de l'enquête de la mairie de Perpignan, résidence de la jeune fille, pour obtenir l'autorisation de son chef de corps. Il épouse donc Jeanne-Marie de Sacarneiro en août 1836.

Un "rapport particulier", établi à cette époque, disait de lui "Fortune : inconnue ­Tenue : très bonne - Instruction générale : inconnue - Manière de servir: très bonne ­Caractère : raide."

Voici campé notre homme, mais revenons à sa carrière aux 51^e et 47^e régiments d'infanterie. Sergent fourrier en 1823, il fait la même année la campagne d'Espagne et, passant dans différentes garnisons, gagne du galon. En octobre 1828, il arrive comme sous-lieutenant au 47^e de Ligne et fait encore plusieurs garnisons en France.

En 1831, le gouvernement de la Belgique, désireux de créer une armée nationale, fait auprès de la France une démarche quelque peu insolite. La France pourrait-elle muter en Belgique, les officiers français, belges de naissance, pour encadrer la jeune armée? Mallarmé (maintenant lieutenant), né dans une ville devenue belge, fit une demande très détaillée en ce sens à son colonel. Cette demande ne dut pas recevoir une suite favorable, puisqu'il resta dans l'armée française.

Du 5 au 13 octobre 1837, il prit part à la prise de Constantine avec le grade de capitaine adjudant major. Au cours de cet assaut dans lequel le général Damrémont fut tué, le colonel Combe, commandant une des trois colonnes d'attaque, avec lequel Mallarmé était très lié, fut mortellement blessé en progressant dans la ville. Ce fut lui qui recueillit les dernières paroles du colonel, il adressa en ces circonstances des lettres très émouvantes à la veuve du colonel Combe. II prit part ensuite aux opérations menées contre la tribu très hostile des Beni Zerroual et eut, au cours des combats, son cheval tué sous lui. Il fut, à cette occasion, décoré de la Légion d'Honneur pour fait de guerre. Il joua ensuite un rôle prépondérant dans l'expédition de Taza, sous les ordres du général Baraguay d'Hilliers.

En 1840, il fut transféré, de l'infanterie vers le corps de l'Intendance militaire et regagna la France. Son séjour métropolitain fut de courte durée, puisque, en janvier 1841, il fut de retour sur la terre d'Afrique et participa à la campagne d'automne, au cours de laquelle il assura le ravitaillement des troupes de Milianah et de Médéah. C'est dans ces circonstances qu'il reçut du général Baraguay d'Hilliers, une citation à l'ordre de l'armée:

"Partout, les braves soldats du train des équipages sont allés enlever nos blessés au milieu des balles, les officiers de l'Intendance n'ont pas montré moins de dévouement." En 1842, il rejoignit la France et Aurillac pour faire la tournée de recrutement, mais retrouva l'Algérie en 1844 comme sous­-intendant de la division de Constantine.

Les 2, 3, 4, et 5 juin 1846, il participa, auprès du général Randon, commandant de la subdivision de Bône, à de rudes combats de pacification contre les tribus hostiles de la région de Bône. "Le sous-intendant Mallarmé a, par son activité et sa sollicitude, pourvu à tous les besoins du service", déclarera Randon au terme de l'expédition. Cela lui valut d'être nommé officier de la Légion d'Honneur, le 26 avril 1847.

L'année 1849 vit éclater et se développer à Alger et dans toute l'Algérie, une terrible épidémie de choléra qui décima autant les populations civiles que l'armée. En particulier, cette maladie fit d'énormes ravages dans les villages des colonies agricoles, fondées en 1848-49 par les ouvriers parisiens à la suite de la révolution de 1848 qui renversa Louis-Philippe. Par son activité, à l'occasion de ces événements, Henri-Victor Mallarmé se signala à l'attention de l'Intendant Général Appert. En 1850, il revint en France pour ses congés, mais, en 1851, on le retrouve à Oran comme Intendant militaire, s'occupant des approvisionnements destinés aussi bien aux militaires qu'aux civils.

De retour à Paris en 1853, il y resta peu, puisque l'année suivante fut l'occasion d'un nouveau et bref séjour à Oran, avant d'occuper à partir de 1855, le poste d'Intendant militaire à Constantine.

Il quitta ce poste en 1858 pour aller prendre ses fonctions d'Intendant militaire de la division d'Alger.

En 1859, il rejoignit à Lyon le 3^e Corps d'armée des Alpes, comme Intendant militaire et participa, sous les ordres du maréchal Canrobert, à la bataille de Magenta où il fut blessé deux fois. Pour ces événements, lui furent attribuées la Médaille commémorative de la Campagne d'Italie (Second Empire) et la Médaille d'argent de la Valeur Militaire Sarde.

En 1863, un décret impérial, le nommait Intendant Général Inspecteur. En mai 1866, Henri-Victor Mallarmé revint en Algérie comme Inspecteur Général Administratif Permanent du 7^e Corps d'armée auprès du Gouverneur Général de l'Algérie (Mac Mahon).

Sa carrière se termine à ce poste, puisque, en 1868, il est versé dans le cadre de réserve et manifeste son intention de se retirer à Bône.

Son décès, le 14 octobre 1871, marquait le terme de la vie bien remplie d'un homme qui avait connu le Premier Empire, la Restauration de Louis XVIII et Charles X, la Monarchie de Juillet, la République et le Second Empire.

Sa fin de vie ne fut pas épargnée, puisqu'il eut à supporter, avant de mourir, le deuil de son gendre tué au combat, le 2 septembre 1870 à Sedan. En effet, la fille de Henri-Victor Mallarmé avait épousé le futur général Margueritte, héros de Sedan², et avait donné naissance à deux enfants, Paul et Victor Margueritte, les écrivains bien connus.

 

Georges Mallarmé

¹ - Poète français 1842-1898.

² - voir la biographie d'Auguste Margueritte dans Les Cahiers d'Afrique du Nord N° 11.