Paul

Cambon  

 
 

1843·1924

 

Signature du Traité de Tunis au Bardo 12 mai 1881

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

- Paul CAMBON:

Correspondance annotée par son fils Henri Cambon, Tome I, Grasset, 1940.

- Henri CAMBON:

Histoire de la Régence de Tunis., Berger- Levraul t, 1948,

- Hommes et Destins, notice rédigée par H. Marchat, Tome II.

 

Frère aîné de Jules Cambon1 qui fut gouverneur général de l'Algérie, Paul fut le premier résident général en Tunisie. A trente-neuf ans, à la suite du traité du Bardo (12 mai 1881), le jeune et brillant préfet du Nord est, sur la recommandation de Jules Ferry, nommé à ce poste par décret du 25 février 1882.

Après une enquête qui le mène jusqu'aux confins tripolitains, il propose au gouvernement français un plan comporrant le maintien du gouvernement du Bey sous contrôle français. C'est le principe adopté par le traité de la Marsa (18 juin 1883) complétant celui du Bardo et dont il met au point la rédaction avec le Bey. Aux termes de l'article 1er, le Bey s'engage à procéder aux réformes que le gouvernement de la République jugera utiles à « l'accomplissement de son protectorat ».

Cambon s'attache à obtenir la levée des restrictions - que les beys avaient tour d'abord acceptées - à leur souveraineté,

tant en matière juridictionnelle que financière. C'est ainsi qu'il obtient la renonciation au régime des « capitulations » qui faisait échapper les étrangers à la législation locale et conférait à leurs consuls une apparence de privilèges diplomatiques. C'est aussi l'abolition de la commission internationale qui était habilitée depuis 1869 à gérer les revenus qui lui étaient concédés, employés, pour la plus grande partie, au service des emprunts extérieurs et, pour le reliquat, seulement aux dépenses internes de fonctionnement.

Il se consacre ensuite à la mise en place du protectorat. Il lui faudra beaucoup de persuasion et de souplesse pour amener le personnel judiciaire et administratif envoyé par la métropole d'avoir à appliquer les lois beylicales et de s'abstenir de tout réglementer à la française. Ce sont les militaires, partisans de l'annexion pure et simple, qui se montrent les adversaires les plus acharnés du protectorat.

Si, au début, de trop graves conflits peuvent être évités grâce à l'esprit de conciliation des généraux Fougerol, puis Logerot, la situation change du tout au tout avec leur remplacement en 1884, par le général Boulanger, qui, surtout après la chute du cabinet Jules Ferry en mars 1885, adopte vis-à-vis du ministre résident une telle attitude que celui-ci se voit dans l'obligation de demander son rappel à Paris, bien décidé à ne revenir à Tunis que dans la plénitude de son autorité et de ses attributions. Il lui faudra attendre la fin d'une violente campagne de presse et de dénigrement menée par le clan Boulanger pour qu'avec l'appui du futur ambassadeur Jusserand, directeur du service des protectorats au Quai d'Orsay, un décret du 25 juin 1885 vienne lui conférer le titre de résident général, dépositaire de tous les pouvoirs de la République, et placer formellement sous ses ordres les commandants des forces de terre et de mer.

Lorsqu'en octobre 1886, un nouveau cabinet Freycinet l'appelle à l'ambassade de Madrid, il est en droit de se féliciter d'avoir pleinement rempli le programme qu'il s'était fixé. Convaincu de la double nécessité de conserver au Bey sa dignité de souverain, mais aussi de s'affirmer en Tunisie, sans contestation possible comme « l'œil et la main de la France », il a attaché la plus grande importance aux prérogatives d'ordre diplomatique ou protocolaire qu'il jugeait découler de ses attributions. A peine venait-il en effet d'arriver à Tunis qu'une des grandes fêtes du calendrier musulman lui fournit l'occasion de prendre la tête des représentants étrangers venus saluer le Bey. A la mort de celui-ci en décembre 1883, il intronisa lui-même son successeur et en fit, par circulaire, notification aux consuls.

Enfin, venant d'imposer la barrette au nouveau cardinal Lavigerie, il ne laissa pas repartir le garde noble du Vatican venu la lui porter sans l'avoir protocolairement présenté au Bey. Il imprimait rapidement de la sorte, à ses fonctions présidentielles, un style tout particulier, tel que Lyautey, à son tour, le concevra en arrivant au Maroc.

O.G

 

1 Voir la biographie de Jules Cambon dans le livre « Des chemins er des Hommes ». Collection «Mémoire d'Afrique du Nord» (Editions Harriet).

 

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